s rester jusqu'au jour et dormir. Mais, sans leur repondre, je
ramassai mon fusil que je trouvai pres de la porte, et cherchai une
issue afin de pouvoir sortir de l'enfoncement ou je me trouvais; je ne
pus en trouver. Alors, craignant de rester longtemps dans cette
position, j'allais frapper a la porte de la cave pour demander mon
chemin, lorsque le Badois en sortit, probablement pour voir s'il etait
temps de faire une excursion. Il me demanda encore si je voulais
rentrer; je lui repondis que non, mais je le priai de m'enseigner le
chemin pour aller au faubourg. Il me fit signe de le suivre et,
longeant plusieurs maisons en ruine, il monta des escaliers. Je le
suivis et, lorsque je fus arrive sur le rempart et sur le chemin, il
me fit faire quelques tours sous pretexte de me montrer par ou je
devais aller; mais je m'apercus que c'etait pour me faire perdre la
trace de la cave que, cependant, je voulais reconnaitre, car je me
proposais d'y revenir, le matin, avec quelques hommes, et sauver la
femme qui avait implore mon secours, et aussi pour leur demander
compte de plusieurs portemanteaux que j'avais apercus dans le fond de
cette maudite cave.
VI
Une nuit mouvementee.--Je retrouve des amis.--Depart de
Smolensk.--Rectification necessaire.--Bataille de Krasnoe.--Le dragon
Melet.
Mon guide avait disparu sans que je m'en apercoive, de maniere que je
me trouvai tout a coup desoriente. C'est alors que je regrettai encore
d'avoir quitte le regiment. Cependant il fallait prendre un parti et,
comme la neige avait cesse de tomber, un instant avant ma descente
dans la cave, je regardai si je ne retrouverais pas la trace de mes
pas. Puis je me rappelai que je devais toujours avoir le rempart a ma
droite. Apres quelques moments de marche, je reconnus la place ou
j'avais rencontre le Badois, mais, pour mieux m'en assurer et la
reconnaitre lorsqu'il ferait jour, je fis, avec la crosse de mon
fusil, deux grandes croix profondes dans la neige, et je poursuivis
mon chemin.
Il pouvait etre minuit; j'avais passe pres d'une heure dans la cave
et, pendant ce temps, le froid avait considerablement augmente.
Sur ma gauche, j'apercevais bien des feux, mais je n'osais pas me
diriger de ce cote, de crainte de me detruire en tombant dans des
trous caches par la neige. Je marchai, toujours en tatonnant, et la
tete baissee, afin de voir ou je posais les pieds. Depuis un moment,
je m'apercevais que la route descendait, et, un peu
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