ma
chaussure, et alors que je sortirais. Mais personne ne m'ayant
repondu, je fis une seconde demande; l'homme au demi-espadon me dit
qu'il y consentait, a condition que je sortirais dans une demi-heure.
Il chargea un tambour, qui paraissait son second, de l'execution de
l'ordre.
Voulant mettre a profit le peu de temps qui me restait, je demandai si
quelqu'un n'avait pas un peu de vivres a me vendre, et surtout de
l'eau-de-vie: "Si nous en avions, me repondit-on, nous la garderions
pour nous!"
Cependant la barrique que j'avais vu porter par le Badois, etait
quelque chose de semblable, car j'avais compris qu'il avait dit, en sa
langue, qu'il l'avait prise a une cantiniere de son regiment, qui
l'avait cachee lorsque l'armee etait arrivee en ville. D'apres ce
langage, je compris que l'individu etait un nouveau venu, soldat de la
garnison, et associe avec les autres seulement depuis la veille et,
comme eux, decide a quitter son regiment pour faire la guerre au
butin.
Le tambour charge de l'ordre de me faire sortir, et que je voyais
causer mysterieusement avec d'autres, me demanda si j'avais de l'or
pour des pieces de cinq francs et pour acheter de l'eau-de-vie: "Non,
lui dis-je, mais j'ai des pieces de cinq francs". La femme qui etait a
cote de moi, la meme qui avait voulu prendre ma defense, fit semblant,
en se baissant, de chercher quelque chose a terre, du cote de la
porte. Alors, s'approchant de moi, elle me dit, de maniere a ne pas
etre entendue: "Sauvez-vous, croyez-moi, ils vous tueront! Je suis
avec eux depuis Viasma, et j'y suis malgre moi. Revenez en force, je
vous en prie, demain matin, pour me sauver!" Je lui demandai quelle
etait l'autre femme qui etait la; elle me dit que c'etait une juive.
J'allais lui faire d'autres questions, lorsqu'une voix, partant du
fond de la cave, lui ordonna de se taire et lui demanda ce qu'elle me
disait. Elle repondit qu'elle m'enseignait ou je pourrais trouver de
l'eau-de-vie, chez un juif qui restait sur le Marche-Neuf: "Tais-toi,
bavarde!" lui repondit-on. Elle se tut, ensuite elle se retira dans un
coin de la cave.
D'apres l'avis que cette femme venait de me donner, je vis bien que je
ne m'etais pas trompe, et que j'etais dans un vrai coupe-gorge. Aussi
je n'attendis pas que l'on me dise de sortir; je me levai et, faisant
semblant de chercher un endroit pour me coucher, je m'approchai de la
porte, je l'ouvris et je sortis. L'on me rappela, en me disant que je
pouvai
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