t dont on fit une petite distribution.
Pour obtenir un peu d'ordre, l'on fit connaitre que les hommes isoles
n'auraient rien. De ce moment, l'on vit les plus forts se reunir par
numeros de regiment et se choisir un chef pour les representer, car il
y avait des regiments qui n'existaient plus. Tandis que nous, la Garde
imperiale, nous traversames la ville, mais avec peine, car extenues de
fatigue comme nous l'etions, et devant gravir le bord escarpe qui
existe a partir du Boristhene jusqu'a l'autre porte, cette montee
couverte de glace faisait qu'a chaque instant les plus faibles
tombaient, et qu'il fallait les aider a se relever, et porter ceux qui
ne pouvaient plus marcher.
C'est de la sorte que nous arrivames sur l'emplacement du faubourg qui
avait ete incendie lors du bombardement arrive le 15 du mois d'aout
dernier. Nous y primes position et nous nous y installames comme nous
pumes, dans le reste des maisons que le feu n'avait pas tout a fait
detruites. Nous y placames le mieux possible nos malades et nos
blesses qui avaient eu assez de force et de courage pour y arriver;
car nous en avions laisse dans une baraque en bois situee a l'entree
de la ville. Ces hommes n'auraient pu, a cause qu'ils etaient trop
malades, atteindre l'endroit ou nous venions d'arriver. Parmi eux
etait un de mes amis presque mourant, que nous avions traine
jusque-la, esperant y trouver un hopital et lui faire donner des
soins, car ce qui, jusque-la, avait soutenu notre courage, etait
l'espoir, que l'on avait toujours eu, de s'arreter dans cette ville et
les environs pour y attendre le printemps, mais il en fut tout
autrement. D'ailleurs la chose n'etait pas possible, car une partie
des villages etaient brules et ruines, et la ville ou nous etions
n'existait pour ainsi dire plus que de nom. Partout l'on ne voyait
plus que les murailles des maisons qui etaient baties en pierre, car
celles qui l'etaient en bois, et qui formaient la plus grande partie
de la ville, avaient disparu; enfin la ville n'etait plus qu'un vrai
squelette.
Si l'on s'eloignait dans l'obscurite, on rencontrait des pieges,
c'est-a-dire que, sur l'emplacement des maisons baties en bois, ou
aucune trace ne se faisait plus voir, on rencontrait les caves
recouvertes de neige, et le soldat assez malheureux pour s'y engager,
disparaissait tout a coup pour ne plus reparaitre. Plusieurs perirent
de cette maniere, que d'autres retirerent le lendemain, lorsqu'il fit
jour, non po
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