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n'avaient jamais quitte, on les envoyait a notre arriere-garde; ils etaient epouvantes de nous voir si malheureux, et, de notre cote, nous etions surpris de les voir aussi bien. Beaucoup de soldats couraient apres eux comme des mendiants, en leur demandant s'ils n'avaient pas un morceau de pain ou de biscuit a leur donner. Lorsque nous fumes sortis du bois, nous fimes halte pour attendre ceux qui conduisaient les malades. Il n'y avait rien de plus penible a voir, car, de tout ce que l'on pouvait leur dire de l'espoir des vivres et d'un bon logement, ils n'entendaient plus rien: c'etaient comme des automates, marchant lorsqu'on les conduisait, s'arretant aussitot qu'on les laissait. Les plus forts portaient tour a tour leurs armes et leurs sacs, car ces malheureux, independamment des forces et d'une partie de la raison qu'ils avaient perdues, avaient aussi perdu les doigts des pieds et des mains. Enfin, c'est de cette maniere que nous revimes le Dnieper sur notre gauche, et que nous apercumes, sur l'autre rive, des milliers d'hommes qui avaient traverse le fleuve sur la glace: il y en avait de tous les corps, fantassins et cavalerie, courant autant qu'ils le pouvaient, en apercevant au loin quelque village, afin d'y trouver des vivres et d'y passer la nuit a couvert. Apres avoir marche encore peniblement pendant une heure, nous arrivames, le soir, abimes de fatigue et mourants, sur les bords du fatal Boristhene, que nous traversames, et nous fumes sous les murs de la ville. Deja des milliers de soldats de tous les corps et de toutes les nations, qui composaient notre armee, etaient, depuis longtemps, aux portes et autour des remparts, en attendant qu'on les laissat entrer. On les en avait empeches de crainte que tous ces hommes, marchant sans ordre et sans chefs, mourants de faim, ne se portassent aux magasins pour y piller le peu de vivres qu'il pouvait y avoir, et dont on voulait faire la distribution avec le plus d'ordre possible. Plusieurs centaines de ces hommes etaient deja morts ou mourants. Lorsque nous fumes arrives, ainsi que les autres corps de la Garde, marchant avec le plus d'ordre possible, et apres avoir pris toutes les precautions pour faire entrer nos malades et nos blesses, l'on ouvrit la porte et l'on entra. La plus grande partie se repandit de tous cotes, et en desordre, afin de trouver un endroit pour passer la nuit sous un toit et de pouvoir manger le peu de vivres que l'on avait promis, e
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