or massif, d'un pied de
long. (_Note de l'auteur_.)]
J'avais aussi mon grand uniforme, une grande capote de femme servant a
monter a cheval (cette capote etait de couleur noisette, doublee en
velours vert, et, comme je n'en connaissais pas l'usage, je me
figurais que la femme qui l'avait portee avait plus de six pieds);
plus deux tableaux en argent d'un pied de long sur huit pouces de
hauteur, dont les personnages etaient en relief: l'un de ces tableaux
representait le jugement de Paris, sur le mont Ida. L'autre
representait Neptune, sur un char forme d'une coquille et traine par
des chevaux marins. Tout cela etait d'un travail fini. J'avais, en
outre, plusieurs medaillons et un crachat d'un prince russe enrichi de
brillants. Tous ces objets, etaient destines pour des cadeaux et
avaient ete trouves dans des caves ou les maisons avaient croule par
suite de l'incendie.
Comme l'on voit, mon sac devait peser, mais, pour qu'il ne soit plus
aussi lourd, je laissai sur le terrain ma culotte blanche, prevoyant
bien que je n'en aurais pas besoin de sitot. Sur moi, j'avais, sur ma
chemise, un gilet de soie jaune pique et ouate que j'avais fait
moi-meme avec le jupon d'une femme, et, par-dessus tout, un grand
collet double en peau d'hermine, plus une carnassiere suspendue a mon
cote et sous mon collet, par un large galon en argent, contenant
plusieurs objets parmi lesquels etait un Christ en or et argent, ainsi
qu'un petit vase en porcelaine de Chine. Ces deux pieces ont echappe
au naufrage comme par miracle; je les possede encore et les conserve
comme des reliques. Ensuite, mon fourniment, mes armes et soixante
cartouches dans ma giberne; ajoutez a cela de la sante, de la gaiete,
de la bonne volonte et l'espoir de presenter mes hommages aux dames
mogoles, chinoises et indiennes, et vous aurez une idee du sergent
velite de la Garde imperiale[21].
[Note 21: A cause du blocus continental, le bruit courait dans
l'armee que nous devions aller en Mongolie et en Chine, pour nous
emparer des possessions anglaises. (_Note de l'auteur._)]
A peine avais-je passe la revue de mon butin, que nous entendimes,
devant nous, quelques coups de fusil; l'on nous fit prendre les armes
et doubler le pas. Une demi-heure apres, nous arrivames sur
l'emplacement ou un convoi, escorte par un detachement de lanciers
rouges de la Garde, avait ete attaque par des partisans.
Plusieurs lanciers etaient tues, et aussi des Russes et quelques
chevaux.
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