adosses quatre colosses osiriens, et
rappelle l'ordonnance generale de l'architecture egyptienne. A gauche,
des chasseurs, portes sur une grosse barque, poursuivent l'hippopotame
et le crocodile a coups de harpon. A droite, une compagnie de
legionnaires, massee devant un temple et precedee d'un pretre, parait
saluer au passage une galere qui file a toutes rames le long du rivage.
Au centre, des hommes et des femmes a moitie nues chantent et boivent, a
l'abri d'un berceau sous lequel coule un bras du Nil. Des canots en
papyrus montes d'un seul homme, des bateaux de formes diverses comblent
les vides de la composition. Le desert commence derriere la ligne des
edifices, et l'eau forme de larges flaques que surplombent des collines
abruptes. Des animaux reels ou fantastiques, poursuivis par des bandes
d'archers a tete rase, occupent la partie superieure du tableau. De meme
que le mosaiste romain, le vieil artiste egyptien s'est place sur le
Nil et a reproduit tout ce qui se passait entre lui et l'extreme
horizon. Au bas de la paroi, le fleuve coule a pleins bords, les bateaux
vont et viennent, les matelots echangent des coups de gaffe. Au-dessus,
la berge et les terrains qui avoisinent le fleuve: une bande d'esclaves,
caches dans les herbes, chassent a l'oiseau. Au-dessus encore, on
fabrique des canots, on tresse la corde, on ouvre et on sale des
poissons. Enfin, sous la corniche, les collines nues et les plaines
ondulees du desert, ou des levriers forcent la gazelle, ou des chasseurs
court-vetus lassent le gibier. Chaque registre repond a un des plans du
paysage; seulement l'artiste, au lieu de mettre les plans en
perspective, les a separes et superposes. Partout dans les tombeaux on
retrouve la meme disposition: des scenes d'inondation et de vie civile
au bas des murailles, dans le haut, la montagne et la chasse. Parfois le
dessinateur a intercale entre deux des patres, des laboureurs, des gens
de metier; parfois il fait succeder brusquement la region des sables a
la region des eaux et supprime l'intermediaire. La mosaique de
Palestrine et les parois des tombeaux pharaoniques reproduisent donc un
meme ensemble de sujets, traites d'apres les conventions et les procedes
de deux arts differents. Comme la mosaique, les parois des tombeaux
forment, non pas une suite de scenes independantes, mais une composition
reglee, dont ceux qui savent lire la langue artistique de l'epoque
demelent aisement l'unite.
[Illustration: Fig. 1
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