nait a traiter dans d'aussi grands cadres n'offrent
jamais une unite rigoureuse. Assujettis que les gens etaient a perpetuer
le souvenir victorieux d'un Pharaon, Pharaon joue necessairement chez
eux le premier role; mais, au lieu de choisir parmi ses hauts faits un
episode dominant, le plus propre a mettre sa grandeur en lumiere, ils
prenaient plaisir a juxtaposer tous les moments successifs de ses
campagnes. Attaque de nuit du camp egyptien par une bande d'Asiatiques,
envoi par le prince de Khiti d'espions destines a donner le change sur
ses intentions, la maison militaire du roi surprise et enfoncee par les
chariots hittites, la bataille de Qodshou et ses peripeties, les pylones
de Louxor et du Ramesseum portent comme un bulletin illustre de la
campagne de Ramses II contre les Syriens en l'an V de son regne: ainsi
les peintres des premieres ecoles italiennes deroulaient, dans le meme
milieu, d'une suite non interrompue, les episodes d'une meme histoire.
Les scenes sont repandues irregulierement sur la muraille, sans
separation materielle, et l'on est expose parfois, comme pour les
bas-reliefs de la colonne Trajane, a mal couper les groupes et a
brouiller les personnages. Cette maniere de proceder est reservee
presque exclusivement a l'art officiel. A l'interieur des temples et
dans les tombeaux, les parties diverses d'un meme tableau sont
distribuees en registres, qui montent et s'etagent du soubassement a la
corniche. C'est une difficulte de plus ajoutee a celles qui nous
empechent de comprendre les intentions et la maniere des dessinateurs
egyptiens; nous nous imaginons souvent voir des sujets isoles, quand
nous avons devant les yeux les membres disjoints de ce qui n'etait pour
eux qu'une meme composition.
Prenez une des parois du tombeau de Phtahhotpou a Saqqarah (Fig.172).
Si vous desirez saisir le lien qui en rattache les parties, comparez-la
a un monument d'epoque greco-romaine, la mosaique de Palestrine, qui
represente a peu pres les memes scenes, mais groupees d'une facon plus
conforme a nos habitudes d'oeil et d'esprit (Fig.173). Le Nil baigne le
bas du tableau et s'etale jusqu'au pied des montagnes. Des villes
sortent de l'eau, des obelisques, des fermes, des tours de style
greco-italien, plus semblables aux fabriques des paysages pompeiens
qu'aux monuments des Pharaons; seul, le grand temple situe au second
plan, sur la droite, et vers lequel se dirigent deux voyageurs, est
precede d'un pylone, auquel sont
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