, mais le trait de
division n'etait pas indispensable, et, surtout quand on avait a figurer
des masses profondes d'individus rangees regulierement, les plans
verticaux s'imbriquaient, pour ainsi dire, l'un sur l'autre, dans des
proportions variables au caprice du dessinateur. A la bataille de
Qodshou, les files de la phalange egyptienne se dominent successivement
de toute la hauteur du buste (Fig.168), et celles des bataillons
hittites se depassent a peine de la tete (Fig.169). Et les deformations
que subissent les groupes d'hommes et d'animaux ne sont point parmi les
plus fortes qu'on se soit permises en Egypte: les maisons, les terrains,
les arbres, les eaux, ont ete defigures comme a plaisir. Un rectangle,
pose de champ sur un des cotes longs et raye de rubans ondules,
represente un canal; si vous en doutez, des poissons et des crocodiles
sont la comme enseigne, pour bien montrer que vous devez voir de l'eau
et non autre chose. Des bateaux sont en equilibre sur le bord superieur,
des troupeaux plonges jusqu'au ventre passent a gue, un pecheur a la
ligne marque l'endroit ou le Nil cesse et ou la berge commence.
Ailleurs, le rectangle est comme suspendu a mi-tronc de cinq ou six
palmiers (Fig.170); on comprend aussitot que l'eau coule entre deux
rangs d'arbres. Ailleurs encore, au tombeau de Rekhmiri, les arbres sont
couches proprement le long des quatre rives, et le profil d'une barque
et d'un mort, hales par des profils d'esclaves, se promenent naivement
sur l'etang vu de face (Fig.171). Les hypogees thebains de l'epoque des
Ramessides fournissent aisement chacun plusieurs exemples d'artifices
nouveaux et, quand on les a releves, on finit par ne plus savoir ce
qu'on doit admirer le plus, l'obstination des Egyptiens a ne pas trouver
les lois naturelles de la perspective, ou la fecondite d'esprit dont ils
ont fait preuve pour inventer tant de relations fausses entre les
objets.
[Illustration: Fig. 165]
[Illustration: Fig. 166]
[Illustration: Fig. 167]
[Illustration: Fig. 168]
[Illustration: Fig. 169]
[Illustration: Fig. 170]
[Illustration: Fig. 171]
Appliques a de vastes etendues, leurs procedes de composition choquent
moins qu'ils ne font a des sujets de petites dimensions. On sent
d'instinct que l'artiste le plus habile n'aurait pu se garder de tricher
quelquefois avec la perspective, s'il avait eu a couvrir les surfaces
immenses des pylones, et cela rend l'oeil plus indulgent. Aussi bien les
motifs qu'on don
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