s contours du ventre se
modelent mieux lorsqu'on les apercoit de trois quarts et ceux des jambes
lorsqu'on les prend de cote. Les Egyptiens ne se firent point scrupule
de combiner, dans la meme figure, les perspectives contradictoires que
produisent l'aspect de face et l'aspect de profil. La tete, presque
toujours munie d'un oeil de face, est presque toujours plantee de profil
sur un buste de face, le buste surmonte un tronc de trois quarts, et le
tronc s'etaye sur des jambes de profil. Ce n'est pas qu'on ne rencontre
assez souvent des figures etablies, ou peu s'en faut, selon les regles
de notre perspective. La plupart des personnages secondaires que
renferme le tombeau de Khnoumhotpou ont essaye de se soustraire a la loi
de malformation; ils ont le buste de profil, comme la tete et les
jambes, mais ils portent en avant tantot l'une, tantot l'autre des
epaules, afin de bien montrer leurs deux bras (Fig.160). L'effet n'est
pas des plus heureux, mais examinez le paysan qui gave une oie, et
surtout celui qui pese sur le cou d'une gazelle pour l'obliger a
s'accroupir (Fig.161): l'action des bras et des reins est rendue
exactement, la fuite du dos est reguliere, les epaules, entrainees en
arriere par le deplacement des bras, font saillir la poitrine sans en
exagerer l'ampleur, le haut du corps tourne bien sur les hanches. Les
lutteurs de Beni-Hassan s'attaquent et s'enlacent, les danseuses et les
servantes des hypogees thebains se meuvent avec une liberte parfaite
(Fig.162). Ce sont la des exceptions; ailleurs, la tradition a ete plus
forte que la nature, et les maitres egyptiens continuerent jusqu'a la
fin a deformer la figure humaine. Leurs hommes et leurs femmes sont donc
de veritables monstres pour l'anatomiste, et cependant ils ne sont ni
aussi laids ni aussi risibles qu'on est porte a le croire, en etudiant
les copies malencontreuses que nos artistes en ont faites souvent. Les
membres defectueux sont allies aux corrects avec tant d'adresse, qu'ils
paraissent etre soudes comme naturellement. Les lignes exactes et les
fictives se suivent et se completent si ingenieusement qu'elles semblent
se deduire necessairement les unes des autres.
[Illustration: Fig. 160]
[Illustration: Fig. 161]
[Illustration: Fig. 162]
La convention une fois reconnue et admise, on ne saurait trop admirer
l'habilete technique dont temoignent beaucoup de monuments. Le trait est
net, ferme, lance resolument et longuement mene. Dix ou douze coups
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