de
pinceau suffisent a etablir une figure de grandeur naturelle. Un seul
trait enveloppait la tete de la nuque a la naissance du cou, un seul
marquait le ressaut des epaules et la tombee des bras. Deux traits
ondules a propos cernaient le contour exterieur, du creux de l'aisselle
a la pointe des pieds, deux arretaient les jambes, deux les bras. Les
details du costume et de la parure, d'abord indiques sommairement,
etaient repris un a un et acheves minutieusement: on peut compter
presque les tresses de la chevelure, les plis du vetement, les emaux de
la ceinture ou des bracelets. Ce melange de science naive et de
gaucherie voulue, d'execution rapide et de retouche patiente, n'exclut
ni l'elegance des formes, ni la grace et la verite des attitudes, ni la
justesse des mouvements. Les personnages sont etranges, mais ils vivent,
et, qui veut se donner la peine de les regarder sans prejuge, leur
etrangete meme leur prete un charme, que n'ont pas des oeuvres plus
recentes et plus conformes a la verite.
Les Egyptiens ont donc su dessiner. Ont-ils, comme on le dit souvent,
ignore l'art de composer un ensemble? Prenez une scene au hasard dans un
des hypogees thebains, celle qui represente le repas funeraire offert au
prince Harmhabi par les gens de sa famille (Fig.163). C'est un sujet
moitie ideal, moitie reel. Le defunt et ceux des siens qui sont deja de
son monde y figurent a cote des vivants, visibles, mais non meles; ils
assistent plus qu'ils ne prennent part au banquet. Harmhabi siege donc
sur un pliant, a la gauche du spectateur. Il a sur les genoux une petite
princesse, une fille d'Amenhotpou III, dont il etait le pere nourricier
et qui etait morte avant lui. Sa mere, Sonit, trone a sa droite, en
retraite, sur un grand fauteuil, et de la main gauche lui serre le bras,
de l'autre lui tend une fleur de lotus; une gazelle mignonne, peut-etre
enterree aupres d'elle, comme la gazelle decouverte a cote de la reine
Isimkheb dans le puits de Deir-el-Bahari, est attachee a l'un des pieds
du fauteuil. Ce groupe surnaturel est de taille heroique. Assis,
Harmhabi et sa mere ont le front de niveau avec celui des femmes qui se
tiennent debout devant eux; il fallait en effet que les dieux fussent
toujours plus grands que les hommes, les rois plus grands que leurs
sujets, les maitres du tombeau plus grands que les vivants. Les parents
et les amis sont ranges sur une seule ligne, la face aux ancetres, et
semblent causer entre eux. Le ser
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