e singulierement avec la maniere
large et hardie des temps anterieurs. Le pinceau a pointe large avait
ete remplace par le pinceau a pointe fine. Les scribes rivaliserent a
qui menerait les lignes les plus deliees, et les traits dont ils se
complurent a surcharger les accessoires de leurs figures, barbe,
cheveux, plis du vetement, sont quelquefois si tenus qu'on a peine a les
distinguer sans loupe. Si precieux que soient ces documents, ils ne
suffiraient pas a nous faire apprecier la valeur et les procedes de
travail des artistes egyptiens; c'est aux murailles des temples ou des
tombeaux que nous devons nous adresser si nous desirons connaitre leurs
habitudes de composition.
[Illustration: Fig. 158]
[Illustration: Fig. 159]
Les conventions de leur dessin different sensiblement de celles du
notre. Homme ou bete, le sujet n'etait jamais qu'une silhouette a
decouper sur le fond environnant. On cherchait donc a demeler, parmi les
formes, celles-la seules qui offrent un profil accentue, et que le
simple trait pouvait saisir et amener sur une surface plane. Pour les
animaux, le probleme n'offrait rien de complique: l'echine et le ventre,
la tete et le cou, allonges parallelement au sol, se profilent d'une
seule venue, les pattes sont bien detachees du corps. Aussi les animaux
sont-ils pris sur le vif, avec l'allure, le geste, la flexion des
membres, particuliere a chaque espece. La marche lente et mesuree du
boeuf, le pas court, l'oreille meditative, la bouche ironique de l'ane,
le trot menu et saccade des chevres, le coup de rein du levrier en
chasse, sont rendus avec un bonheur constant de ligne et d'expression.
Et si des animaux domestiques on passe aux sauvages, la perfection n'est
pas moindre. Jamais on n'a mieux exprime qu'en Egypte la force calme du
lion au repos, la demarche sournoise et endormie du leopard, la grimace
des singes, la grace un peu grele de la gazelle et de l'antilope. Il
n'etait pas aussi facile de projeter l'homme entier sur un meme plan,
sans s'ecarter de la nature. L'homme ne se laisse pas reproduire
aisement par la ligne seule, et la silhouette supprime une part trop
grande de sa personne. La chute du front et du nez, la coupe des levres,
le galbe de l'oreille, disparaissent quand la tete est dessinee de face.
Il faut, au contraire, que le buste soit pose de face pour que la ligne
des epaules se developpe en son entier, et pour que les deux bras
soient visibles a droite et a gauche du corps. Le
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