r certains ouvrages
compense notre pauvrete en ce genre. Ce sont presque toujours des
exemplaires du _Livre des morts_ et du _Livre de savoir ce qu'il y a
dans l'enfer_. On les copiait par centaines, d'apres des
manuscrits-types, conserves dans les temples ou dans les familles
consacrees hereditairement au culte des morts. Le dessinateur n'avait
donc aucun effort d'imagination a faire. Sa tache consistait uniquement
a imiter le modele qu'on lui donnait, avec toute l'habilete dont il
etait capable. Les rouleaux du _Livre de savoir ce qu'il y a dans
l'enfer_, qui sont parvenus jusqu'a nous, ne sont pas anterieurs a la
XXe dynastie.
[Illustration: Fig. 157]
Le faire en est toujours assez mauvais, et les figures ne sont le plus
souvent que des bonshommes traces rapidement et mal proportionnes. Le
nombre des exemplaires du _Livre des morts_ est tellement considerable
qu'on pourrait, rien qu'avec eux, entreprendre une histoire de la
miniature en Egypte: d'aucuns remontent en effet a la XVIIIe dynastie,
d'autres sont contemporains des premiers Cesars. Les plus anciens sont
generalement d'une execution remarquable. Chaque chapitre est accompagne
d'une vignette qui represente un dieu, homme ou bete, un embleme divin,
le mort en adoration devant la divinite. Ces petits motifs sont ranges
quelquefois en une seule ligne au-dessus du texte courant (Fig.158),
quelquefois disperses a travers les pages, comme les majuscules ornees
de nos manuscrits. D'espace en espace, de grands tableaux occupent toute
la hauteur du feuillet, l'enterrement au debut, le jugement de l'ame
vers le milieu, l'arrivee du mort aux champs d'Ialou vers la fin de
l'ouvrage. L'artiste avait la beau jeu a deployer son talent et a nous
donner la mesure de ses forces. La momie d'Hounofir est debout devant la
stele et le tombeau (Fig.159); les femmes de la famille pleurent sur
elle, tandis que les hommes et le pretre lui presentent l'offrande. Les
papyrus des princes et princesses de la famille de Pinotmou, qui sont au
musee de Boulaq, montrent que les bonnes traditions de l'ecole se
maintinrent, chez les Thebains, jusqu'a la XXIe dynastie. La decadence
vint rapidement sous les regnes suivants, et, pendant des siecles, nous
ne trouvons plus que des dessins grossiers et sans valeur. La chute de
la domination persane produisit une renaissance. Les tombeaux de
l'epoque grecque nous ont rendu des papyrus a vignettes soignees, d'un
style sec et minutieux, qui contrast
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