itie pour lui rendre
ses caresses; je suis a tes pieds pour te conjurer de resister a ta
douleur... et... voici Octave." Il prononca ce dernier mot avec un
effort visible. Fernande se jeta dans ses bras, occupee seulement de sa
douleur; il avait sur le visage deux grosses larmes, et il me regarda
avec un singulier melange de reproche et de pardon. L'homme etrange!
j'eus envie un instant de me jeter a ses pieds.
Nous passames pres d'une heure dans les larmes. Jacques etait si bon et
si delicat envers sa femme, qu'elle se rassura au moins sur un des deux
malheurs qu'elle avait redoutes; elle pensa qu'il ne savait rien encore,
et prit courage au point de me tendre la main, a moi le dernier, apres
avoir donne mille temoignages d'affection a son fils, a son mari et a
Sylvia. "Tu vois, lui dis-je a voix basse, pendant un moment ou je me
trouvais seul pres d'elle, que tous les coups ne frappent pas en meme
temps, et que je suis encore a tes pieds." Je rencontrai les yeux de
madame de Theursan, qui m'observait d'un air d'indignation. Jacques
rentra avec Sylvia; ils obtinrent de Fernande qu'elle prendrait un peu
de nourriture, et nous la conduisimes a table. Le dejeuner fut triste et
silencieux; mais nos soins semblaient rappeler peu a peu Fernande a
la vie. Personne ne parlait a madame de Theursan, qui paraissait fort
insensible a l'infortune de sa fille, et qui n'etait occupee qu'a
regarder alternativement Sylvia et moi, nous remerciant, avec une
affectation de politesse ironique, des rares attentions que nous avions
pour elle. Jacques, de son cote, affectait de n'en avoir aucune. Quand
nous rentrames au salon, madame de Theursan, s'adressant a Jacques, lui
dit d'un ton insolent: "Ainsi, Monsieur, vous refusez de me donner
une explication particuliere?--Absolument, Madame, repondit
Jacques.--Fernande, dit-elle, vous entendez comme on traite votre mere
chez vous; je suis venue ici pour vous defendre et vous proteger; mon
intention etait de vous reconcilier, autant que possible, avec votre
mari, et d'employer la politesse et la raison pour l'engager a abjurer
ses torts en pardonnant les votres. Mais on m'insulte avant meme que
j'aie dit un mot en votre faveur; c'est a vous de savoir comment vous
voulez que j'agisse desormais.--Je vous supplie, maman, dit Fernande,
troublee et epouvantee, de remettre a un autre moment toute explication
avec qui que ce soit.--Est-ce que tu penses, Fernande, lui dit Jacques,
que nous aurons jamais
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