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volonte d'etre heureux en depit de tout. Ce qu'on appelle la vertu dans cette societe-la, c'est l'art de se satisfaire sans heurter ouvertement les autres et sans attirer sur soi des inimities facheuses. Eh bien! pourquoi hair l'humanite parce qu'elle est ainsi? C'est Dieu qui lui a donne cet instinct pour qu'elle travaillat elle-meme a sa conservation. Dans le grand moule ou il forge tous les types des organisations humaines, il en a mele quelques-uns plus austeres et plus reflechis que les autres, il a cree ceux-la de telle facon, qu'ils ne peuvent vivre pour eux-memes, et qu'ils sont incessamment tourmentes du besoin d'agir pour faire prosperer la masse commune. Ce sont des roues plus fortes qu'il engrene aux mille rouages de la grande machine. Mais il est des temps ou la machine est si fatiguee et si usee, que rien ne peut plus la faire marcher, et que Dieu, ennuye d'elle, la frappe du pied et la fracasse pour la renouveler. Dans ces temps-la, il y a bien des hommes inutiles, et qui peuvent prendre leur parti d'aimer et de vivre s'ils peuvent, de mourir s'ils ne sont pas aimes et s'ils s'ennuient. Tu me reproches de ne pas t'avoir pas assez aimee. Au moment de la mort, on peut tout se dire. Je dois te faire remarquer (c'est la premiere et la derniere fois) que nous etions dans une position delicate a l'egard l'un de l'autre. Tu es de tous les etres que j'ai connus celui vers lequel m'entrainait la plus ardente sympathie. Mais tu es jeune et belle, et je n'ai jamais su si tu etais ma soeur. Cette idee ne t'est jamais venue, tu m'as accepte pour ton frere, et lors meme que ta mere, qui ne le sait pas elle-meme, t'a dit que je ne l'etais pas, notre destinee a tous deux etait faite depuis longtemps, et nous ne pouvions plus nous aimer autrement que par le passe. Si nous avions su plus tot, et d'une maniere plus sure, que nous pouvions etre un homme et une femme l'un pour l'autre, notre vie a tous deux eut ete bien differente; mais l'incertitude eut rendu la seule idee de ce bonheur odieuse a tous deux. Je fis donc le sacrifice absolu et eternel de ce reve, la premiere fois que je soupconnai la possibilite de l'accueillir, et j'eteignis dans mon coeur une partie de mon amitie, de peur de donner le change a ma conscience. Que se fut-il passe entre nous si nous n'etions un peu plus forts qu'Octave et Fernande? quand il ne dependait que d'une parole incertaine ou mechante de madame de Theursan pour nous plonger dans des
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