i repondant par cette
question: _Ou est Octave?_... Je me levai aussitot, et je me presentai
en disant d'un ton resolu: "Me voici." Il resta quelques instants
immobile, et regarda madame de Theursan, dont le visage exprimait la
surprise que tu peux imaginer. Jacques, alors, me tendit la main en me
disant: _C'est bien_. Ce fut la premiere et la derniere explication que
nous eumes ensemble.
Fernande etait partagee entre l'inquietude de savoir ce qu'etait devenue
sa fille et celle de voir la conduite de Jacques envers moi; pale et
tremblante, elle tomba sur une chaise en disant d'une voix etouffee:
"Jacques, dis-moi que ma fille est morte et que tu as recu une lettre de
M. Borel.--Je n'ai recu aucune lettre, repondit Jacques, et ton arrivee
est pour moi un bonheur inattendu." Il fit cette reponse avec tant de
calme, que Fernande dut s'y tromper. J'y aurais ete pris moi-meme, si
je ne savais par Rosette, qui etait au courant de tous les secrets de
Cerisy, que M. Borel a ecrit et qu'il a tout raconte. Fernande se leva
vivement, et un eclair de joie brilla sur son visage; mais elle retomba
sur son siege, en disant: "Ma fille est morte, du moins!--Je vois, dit
Jacques en se penchant vers elle avec affection, que Borel aura eu
l'imprudence de te dire les motifs qui m'ont retenu loin de toi. C'est
une triste justification que j'ai a t'offrir, ma pauvre Fernande; mais
tu l'accepteras, et nous pleurerons ensemble." Sylvia entra en cet
instant avec le fils de Fernande dans ses bras; elle courut le mettre
dans ceux de l'infortunee en la couvrant de baisers et de larmes.
_Seul!_ dit Fernande en embrassant son fils, et elle s'evanouit.
"Monsieur, dit alors madame de Theursan en prenant le bras de Jacques,
laissez ma fille aux soins de deux personnes que j'ai la surprise de
voir ici, et accordez-moi sur-le-champ un moment d'entretien dans une
autre piece.--Non, Madame, repondit Jacques d'un ton sec et hautain;
laissez-moi secourir ma femme moi-meme, vous direz ensuite tout ce que
vous voudrez devant les deux personnes que voici. Fernande, dit-il en
s'adressant a sa femme, qui commencait a revenir un peu, prends
courage; c'est tout ce que je te demande en recompense de la tendresse
inalterable que j'ai pour toi. Soigne-toi, conserve-toi pour cet enfant
qui nous reste; vois comme il te sourit, notre pauvre fils unique! Tu
dois tenir a la vie, tu es encore entouree d'etres qui te cherissent;
Sylvia est la qui attend un effort de ton am
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