n'avons pas ete sans inquietude pendant une
nuit. Jacques et Sylvia m'ont permis de veiller dans sa chambre avec
eux; quel que soit le fond de leurs ames, je les en remercie du fond de
la mienne. J'espere que dans peu Fernande sera guerie; sa jeunesse, sa
bonne constitution, et le soin qu'on prend d'eloigner d'elle la pensee
d'un chagrin nouveau, feront encore plus, j'espere, que le secours d'un
tres-bon medecin qui etait venu pour soigner sa fille, et qui est reste
pour elle. Adieu, mon ami. Brule cette lettre; elle contient un secret
que j'ai jure de garder, et que je n'ai pas trahi en le racontant a un
autre moi-meme.
LXXVII.
DE JACQUES A M. BOREL.
Mon vieux camarade, je te remercie de ta lettre, et des excellentes
intentions de ton amitie. Je sais que tu te serais battu de grand coeur
pour defendre ma femme d'une insulte, et pour me rendre meme un moindre
service. J'espere que tu regardes ce devouement comme reciproque, et
que, si tu as jamais occasion de faire un appel serieux a l'amitie, tu
ne t'adresseras pas a un autre que moi. Remercie aussi pour moi ta bonne
Eugenie des soins qu'elle a eus pour Fernande, et prie-la, si elle
lui ecrit, de ne point lui faire savoir que j'ai recu la lettre ou tu
m'informais de tout ce qui s'est passe. Adieu, mon brave; compte sur
moi, a la vie et, a la mort.
LXXVIII.
DE JACQUES A OCTAVE.
Je veux vous epargner l'embarras d'une explication verbale; elle ne
pourrait etre que difficile et penible entre nous; nous nous entendrons
plus vite et plus froidement par ecrit. J'ai plusieurs questions a vous
adresser, et j'espere que vous ne me contesterez pas le droit de vous
interroger sur certaines choses qui m'interessent pour le moins autant
que vous.
1 deg. Croyez-vous que j'ignore ce qui s'est passe entre vous et une
personne qu'il n'est pas besoin de nommer?
2 deg. En revenant ici, ces jours derniers, en meme temps qu'elle, et en
vous presentant a moi avec assurance, quelle a ete votre intention?
3 deg. Avez-vous pour cette personne un attachement veritable? Vous
chargeriez-vous d'elle, et repondriez-vous de lui consacrer votre vie,
si son mari l'abandonnait?
Repondez a ces trois questions; et si vous respectez le repos et la vie
de cette personne, gardez-moi le secret aupres d'elle sur le sujet de
cette lettre; en le trahissant, vous rendriez son salut et son bonheur
futur impossibles.
LXXIX.
D'OCTAVE A JACQUES.
Je repondrai a vos questi
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