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res; la bonne chaleur vivifiante se gardait sous les solives basses et enfumees des humbles chaumines; et chaque fois que M. Triphon entrait dans la maisonnette de Sidonie, il y goutait une sorte d'intimite douillette qui n'existait pas chez ses parents et qui l'y retenait comme une longue et douce caresse. Il aurait bien voulu y rester toujours, la pipe aux levres, Kaboul roule en boule a ses pieds, les jambes allongees vers la flamme dansante de l'atre, ou ses yeux suivaient des pensees pleines de charme, l'esprit berce par le tambourinage leger des bobines, qui rebondissaient sur le carton glace des coussins de dentelliere. Il eut voulu y vivre, toujours, toujours, simplement et humblement, comme eux vivaient; il eut voulu partager leur frugal repas du soir, s'amuser doucement au bavardage des jolies filles, puis y dormir devant le feu, avec Sidonie dans ses bras. Pourquoi cela ne se pouvait-il pas? Pourquoi ne pouvait-il rester la, simplement et naturellement, comme Kaboul et Minou, d'abord des ennemis farouches, et maintenant des amis inseparables, enroules ensemble sur les dalles, devant la bonne chaleur du feu? Ils s'y endormaient comme des etres humains et M. Triphon contemplait ce spectacle en souriant, presque avec une pointe de jalousie. La vieille horloge, droite et raide comme une aieule dessechee dans son coin, comptait de son tic-tac lent et monotone ces instants de reposant bonheur qui s'egrenaient dans le neant. Le rouge de la flamme se refletait en danses capricieuses sur les cuivres luisants et les etains ternis le long des murs; le plafond bas aux solives brunes etait comme une cuirasse de protection et de securite, qui ne laissait rien entrer de l'inclemence du dehors, ne laissait rien echapper du charme et des delices du dedans. Parfois il se sentait la comme sur une ile bienheureuse, seule au milieu d'une mer mauvaise, gonflee de perils. Car, chaque fois, il y avait risque pour lui a s'y rendre, et risque aussi a s'en retourner. La neige rendait les nuits trop claires; chaque silhouette se detachait avec une inquietante nettete. Il etait presque impossible qu'on ne l'apercut pas quelque soir. Avec les jours plus longs, le danger grandissait. Comment s'arrangerait-il lorsque, le printemps et l'ete venus, les gens restaient parfois, jusque tard dans la nuit, a prendre le frais devant leur porte? Probleme qui lui paraissait insoluble et auquel il preferait ne pas penser encore. XIV Un
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