arole d'honneur! Aussi vrai que je
suis ici!
M. Triphon etait visiblement ennuye. Il essayait de plaisanter et de
rire avec les autres, mais il riait jaune.
--On s'amuse, a ce que je vois, fit-il avec une grimace. Qu'est-ce qu'il
y a donc?
--Ce qu'il y a! s'ecrierent-ils en choeur avec de gros rires. Mais, que
nous sommes heureux de te revoir, parbleu! He, Fietje, offre a monsieur
Triphon une chope ou une goutte.
--Je n'ai pas besoin qu'on paye mes consommations, dit M. Triphon d'un
ton plutot acide.
Tout le monde le regarda, sans rien dire, de l'air le plus etonne.
--Quoi! Tu n'acceptes pas un verre de nous! s'exclama le fils du notaire
au bout d'un instant.
--Pourquoi voulez-vous m'offrir un verre? demanda M. Triphon, agressif.
--Pourquoi?... mais pour rien! Pour le plaisir de te revoir! fut
l'agacante reponse.
--Tres bien; regalez-moi donc, dit M. Triphon. Et puisque vous voulez me
regaler, permettez que je vous rende la politesse. Fietje, demande donc
a ces messieurs ce qu'ils desirent.
Et il les regarda tous d'un air presque provocant. Fietje, debout
derriere son comptoir, riait toujours. On l'eut dit chatouillee par
quelque chose de follement amusant. Elle redressait son joli buste et
les larmes lui coulaient des yeux. M. Triphon la regardait avec une
colere grandissante.
--Est-ce de moi que tu ris, Fietje, dit-il brusquement d'une voix dure.
Elle cessa de rire, le regarda d'un air serieux, distant et digne.
--J'ai pourtant bien le droit de rire, si ca me plait, dit-elle.
--Je te demande si c'est de moi que tu ris? insista M. Triphon d'une
voix mordante.
Et, comme Fietje, pour toute reponse, se reprenait a rire et roucouler,
il se leva d'un bond et, avec un juron, sortit de la salle de cafe.
Un vacarme sauvage salua son depart. Du dehors il l'entendit. "Sacre nom
d'un tonnerre!" ragea-t-il dans le noir de la rue. Et les poings serres,
il se jura d'en tirer vengeance.
Une autre rencontre, toute aussi deplaisante fut celle qu'il eut,
quelque temps apres, avec les trois demoiselles Dufour.
En promenade avec Kaboul dans les champs il s'en retournait sans joie
vers la fabrique lorsque soudain, a un detour du sentier qu'il suivait
entre les bles, il vit venir dans sa direction les trois vierges reches.
Aucun moyen de les eviter; il etait force de les rencontrer, presque les
froler. Deja, une rougeur aux joues, il se composait une attitude,
lorsque soudain, d'un mouvement identiqu
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