rivation pour la cause. Verites qu'il tenait des chefs socialistes en
ville. Les autres s'inclinerent. Dans leur vetement de travail, ils se
firent aussi propres que possible, pour ne pas faire figure de mendiants
devant ces capitalistes; puis ils se dirigerent a travers le jardin vers
la maison. Pierken, malgre sa volonte farouche, se sentait tout de meme
un peu emu; Fikandouss avait une face contractee et sombre; Victorine
riait nerveusement, par petites saccades, repetant sans cesse, avec une
insistance superflue qui denotait son trouble, qu'elle n'avait pas peur
le moins du monde. Sefietje, du seuil de son arriere-cuisine, les vit
venir de loin. Aussitot elle disparut dans la maison; mais, lorsque les
sabots des trois ouvriers clapoterent sur les dalles de la cour, elle
reparut sur le seuil et demanda, surprise et mefiante:
--Qu'est-ce qu'il y a?
--Nous voudrions parler a monsieur, repondit Pierken d'un ton aussi
calme que possible.
--Parler a monsieur! repeta Sefietje machinalement, les yeux epouvantes,
comme en presence d'une chose inouie. Pourquoi voulez-vous parler a
monsieur?
--Peu importe, dit Pierken, legerement, impatiente. Est-ce que monsieur
est chez lui?
--Je vais aller voir, repondit Sefietje.
Et, les pommettes rouges, elle disparut en hate.
--Est-ce moi qu'il vous faut? demanda tout a coup une voix dure derriere
les ouvriers qui attendaient.
C'etait M. de Beule, qui revenait de faire un tour dans son jardin.
Un instant, tous trois perdirent contenance devant ce brusque face a
face inattendu. Mais Pierken se remit bien vite et dit:
--Oui, monsieur, nous voudrions vous parler un moment.
--Pourquoi? demanda-t-il, mefiant, comme Sefietje.
--Nous vous le dirons, monsieur. Pourrions-nous avoir quelques minutes
d'entretien chez vous?
--Vous pouvez parler ici, repondit sechement M. de Beule.
--Ca n'est pas bien facile, monsieur, dit Pierken hesitant et decu.
Brusquement, M. de Beule se facha.
--Vous ne pretendez pourtant pas me dicter la loi dans ma maison!
s'ecria-t-il.
--Il n'est pas question de dicter la loi; il ne s'agit que de causer un
peu serieusement, repondit Pierken qui se contenait.
--Je n'ai pas a causer avec vous, absolument pas! Mais pas du tout! cria
M. de Beule s'empourprant de colere.
--Eh bien, monsieur, repondit Pierken, perdant patience a son tour et
enflant la voix, si vous n'avez pas a causer avec nous, nous avons a
causer avec vous! Nous venons v
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