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uveau elles eclaterent violemment sur le compte de Pierken et surtout de Victorine, qui, d'apres leurs dires, valait encore moins cher que lui. Leur exaltation etait telle que Sefietje en oubliait de leur servir la goutte. --Eh bien, Sefie, et la ration, qu'est-ce que ca devient? demanda enfin la noire Mietje avec un drole de sourire mysterieux. --Deux gouttes au lieu d'une, repondit Sefietje. Et elle se mit en devoir de verser. Tout de suite, une transformation s'opera dans l'atelier. --On a tout de meme obtenu quelque chose, dit Lotje en sirotant son petit verre. Elle le vida a menus coups brefs, mais le deuxieme ne glissa pas aussi facilement. Elle eut des petits frissons et fit la grimace. --L'un sur l'autre comme ca, c'est un peu court, mais bon tout de meme, dit-elle, en passant le verre a "La Blanche". Du reste, toutes prirent, comme Lotje, leurs deux petits verres, moins parce qu'elles en avaient envie que parce qu'elles y avaient droit. Et, seule, la vielle Natse eut un hoquet devant le deuxieme verre et fit mine de le refuser. Les autres trouverent cela tres mal. M. de Beule pourrait en deduire que pour les femmes un seul verre suffisait. Elles forcerent la vieille a boire et celle-ci se reprit aussitot a gemir et pleurer: toutes ces revolutions lui couteraient la vie, geignait-elle d'un air tragique. Alors il y eut une bonne petite heure de joie et d'entrain dans la fabrique. L'alcool faisait son effet, effacait les tristesses, suscitait les pensees joyeuses et amusantes. Des quolibets partaient dans le vacarme des pilons et, dans la "fosse aux femmes", on chanta des romances avec des voix aigues et nasillardes, comme au bon vieux temps. Vers onze heures, un silence retomba, melancolique, morose. Les nerfs se detendaient et l'alcool creusait son trou, ou s'installait la faim. Au dehors le splendide soleil d'ete illuminait la terre. Lorsqu'on venait du beau jardin fleuri, pour entrer dans une des "fosses" sombres, on avait l'impression de descendre dans un caveau. Les ouvriers ne chantaient plus, ne parlaient plus, accomplissaient leur besogne d'automates avec des yeux las et ternes. Il y regnait une atmosphere de desenchantement, de leurre, de duperie. C'etait peut-etre parce que le trou creusait si fort, vous rongeait l'estomac. Il aurait fallu un brin a manger avec ce deuxieme verre. Enfin tintait dans la chambre des machines la mechante petite sonnette de delivrance; tous se precipitaient
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