ptait l'offre.
Comme "huiliers", poursuivit-il quelque peu radouci, nous pourrions
prendre Doorke Pruime, Sies van Lierde et Vloaksken. Comme "cabris",
Peetse Fnieze; comme meunier, Soarlewie Soarels.
Mme de Beule approuvait tout d'un hochement de tete. M. Triphon,
conscient de la responsabilite qu'il allait assumer, prenait un air
serieux, concentre, energique. Il estima rapidement que son travail
comme chauffeur ne l'empecherait pas d'aller parfois chez Sidonie. Et
puis, il avait le dimanche. L'affaire, en somme, ne se presentait pas
trop mal; ils se remettaient de leur emotion. Ils avaient presque une
lueur de triomphe et meme de provocation dans le regard.
--Et les femmes? demanda Mme de Beule.
A ce seul mot, M. de Beule rebondit au paroxysme de la fureur.
--Plus de femmes ... nom de nom! tonna-t-il. Plus de ces roulures ici!
Et ses yeux lancaient des eclairs vers M. Triphon comme pour l'aneantir.
Mme de Beule n'insista pas. Elle se replia peureusement sur elle-meme;
et, de son cote, M. Triphon fit semblant de ne pas saisir l'allusion
haineuse. Il alluma sa pipe et s'interessa un instant a Kaboul et Muche,
qui s'entr'etudiaient avec le soin le plus minutieux, comme s'ils ne
s'etaient pas vus depuis des annees. La porte s'ouvrit et Sefietje
reparut. Elle etait rouge et suait d'avoir tant couru.
--Justin soignera les chevaux. Il leur a deja donne l'avoine, et il est
en train de les etriller, dit-elle.
Il y eut un murmure de satisfaction. M. de Beule temoigna son
contentement par un geste approbatif, et dit:
--Parfait. Dejeune maintenant, Sefietje; puis tu iras chez Doorke
Pruime, chez Sies van Lierde et chez Vloaksken, pour leur demander de
venir travailler a l'huilerie. Apres, tu iras chez Peetse Fnieze et chez
Soarlewie Soarels, pour les engager comme "cabris" et meunier.
--J'ai deja dejeune; j'y vais tout de suite, repondit Sefietje d'un air
soumis.
Et, aussitot, elle repartit. Alors M. et Mme de Beule allerent aussi
prendre leur petit dejeuner que leur servit Eleken, avec de la fievre
dans ses mouvements et les jupes battantes.
--Pourquoi cette fille est-elle toujours si agitee? demanda M. de Beule
agace.
Mme de Beule tacha de lui faire comprendre qu'elle avait double besogne,
pendant que Sefietje etait en course. Kaboul et Muche, selon leur
habitude, allaient de l'un a l'autre, quetant avec des yeux de
convoitise, leur part du dejeuner.
Les maitres ne s'etaient pas encore leves de
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