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Pierken se facha tout rouge.
--Les individus de ta sorte sont les pires ennemis de la classe
ouvriere, gronda-t-il.
Free eut un sourire et demeura tres calme.
--Et toi, Ollewaert, tu le ferais? demanda-t-il en se tournant vers le
petit bossu.
Ollewaert se gratta l'oreille et regarda sa fille, dont la presence
semblait le gener pour dire exactement ce qu'il pensait.
--Faut voir, dit-il enfin. C'est aux femmes a faire attention.
--Vous voyez bien! s'ecria Free triomphant.
--Naturellement les hommes se soutiennent entre eux. Ils se valent! dit
une ouvriere.
Les hommes protesterent avec vehemence; mais il semblait bien qu'une
verite venait d'etre dite, car aucun d'eux, sauf Pierken, ne s'eleva
contre l'opinion de Free.
Le coeur de M. Triphon battait a grands coups. Il etait en proie aux
sentiments les plus contradictoires, et volontiers il en eut appris
davantage. Mais a cet endroit on pouvait le surprendre a chaque instant
et il avait beaucoup de peine a retenir Kaboul, qui s'impatientait. Il
le lacha enfin et le petit chien fut d'un bond dans la cour, ou aussitot
des "sst" avertisseurs se firent entendre. Du coup, la conversation
tomba. M. Triphon allait suivre son compagnon lorsque, en franchissant
le seuil et tournant machinalement la tete, qu'apercut-il.... Bruun qui
l'epiait de loin, par la porte entr'ouverte de la chambre des
machines!... "Sacredieu!" gronda M. Triphon d'une voix sourde. Le rouge
de la honte lui monta aux joues, et il eut un mouvement instinctif pour
sauter sur le mouchard. Mais deja Bruun avait tout doucement referme la
porte.
Dans la cour les ouvriers s'etaient leves, prets a retourner au travail.
Les femmes se dirigeaient, les jambes raides, vers leur "fosse"; et sous
la porte charretiere apparut Justin-la-Craque, suivi de son aide Komel,
qui portait une barre de fer. Justin etait visiblement dans les vignes.
Il se dirigea tout droit vers M. Triphon, qu'il n'avait pas vu depuis
l'histoire, et se mit a fredonner en mineur, les yeux fixes sur le jeune
homme, ses yeux aqueux d'ivrogne:
--Ooooooooooo...
--Pepita... Pepita..., dit Leo en riant.
--Ooooooooooo... repeta Justin avec entetement en se tournant vers Leo.
--Fikandouss-Fikandouss-Fikandouss! glapit Feelken.
--Ooooooooooo... persista Justin en se tournant, cette fois, vers
Feelken.
Et, tout a coup d'une voix de tete, suraigue:
--Peeeeee ... pepepepeeeee ... pepitapepitapepita!
Les hommes se tordaie
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