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uie sur une toiture de zinc, s'arreter, recommencer. Parfois, en abondance, comme une ondee; parfois, goutte a goutte comme d'une gouttiere percee. Il comprit que Sidonie et ses soeurs etaient encore en plein travail. Comme le voisin a sa roue d'ecoussoir, elles peinaient sans relache, et cette assiduite a la besogne, dans le silence du soir qui semblait plutot inviter au repos et au recueillement, le remplissait d'une sorte de veneration craintive pour l'existence digne et probe de ces humbles. Il hesitait; il n'osait pas aller plus loin. En lui penetrait la conscience obscure qu'il n'avait pas le droit de troubler leur quietude. De nouveau il se sentait le coupable, le malfaiteur. Il recula de quelques pas, dans l'ombre brumeuse. L'emotion et la tristesse lui etreignaient le coeur, mais il sentit d'instinct qu'il ne pouvait rester la, qu'il fallait partir. Sur la pointe du pied, il s'en alla, precede de Kaboul. Son coeur battit moins fort; ses poumons oppresses respirerent. Il comprit qu'il avait bien fait; une paix legere descendit en son ame. Dans la petite grange du voisin, dont la porte etait ouverte et ou une lampe fumeuse epandait une sorte de halo jaunatre, il vit le teilleur, qui lui tournait le dos, se mouvoir avec diligence sur les planches a bascule. L'homme etait tout saupoudre de gris, comme un gros hanneton, la roue faisait un bruit de cheval qui s'ebroue, les palettes de bois hachaient menu les fibres, et dans le ronflement continu le petit bonhomme fredonnait un bout de chanson, comme s'il travaillait uniquement par plaisir. Dans un coin s'empilaient de larges echeveaux de lin teille, comme des belles chevelures luisantes et blondes. D'un pas presse, M. Triphon retourna au village. Il se sentait rompu, comme apres une depense de forces excessive. Par la remise il rentra a la fabrique ou les pilons dansaient et bondissaient toujours; et, a travers le jardin sombre, il regagna la maison, ou Eleken s'appretait a mettre le couvert pour le repas du soir. Sa mere rangeait sa corbeille a ouvrage et prononca quelques paroles banales. M. de Beule entra. Il n'avait pas l'air enjoue; sa figure etait gonflee et rouge. Il parla un moment des affaires, sur un ton chagrin. Mme de Beule entreprit de le remonter; mais l'optimisme de sa femme l'irritait: il etait facile de voir tout en rose, quand on ne se sentait aucune responsabilite. Mme de Beule n'insista pas. Il ne s'occupa pas plus de son fils que si celui-ci n
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