FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   88   89   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112  
113   114   115   116   117   118   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131   132   133   134   135   136   137   >>   >|  
t-elle en baissant les yeux et rougissant. --Merci, dit-il, en lui serrant encore les mains avec ferveur. --Quand viendrez-vous? insista-t-elle, malgre tout vaguement mefiante. Il hesita une seconde. La consequence ineluctable de son premier pas deja s'imposait, imperieusement. --Des que je pourrai; apres-demain, je pense, promit-il. --Bien vrai? Vous ne l'oublierez pas? --Soyez tranquille. Sur un rapide bonsoir a toute la famille, qui le lui rendit avec politesse, il quitta la maisonnette et se trouva dehors, dans la nuit froide. Le sentiment de la realite reprit possession de lui. Il vit au passage le petit teilleur se mouvoir comme un pantin desarticule sur ses planches a bascule et l'entendit fredonner sa chanson dans l'ebrouement de la roue tournoyante. Il eut a nouveau l'impression de quelque chose d'honnete et de digne, tres au-dessus des preoccupations egoistes qui l'avaient amene la. Il se sentait allege d'un grand poids et neanmoins il n'etait pas content de lui. Il ne savait pas encore clairement ce qu'il voulait. Il craignait le desenchantement pour soi-meme et pour les autres. Son esprit demeurait trouble et un vague remords continuait de lui ronger l'ame. Il avait bien agi, certes; oui et non. Il venait d'oser un acte d'honnetete et de franchise; mais tout a l'heure, en rentrant, il allait encore simuler, mentir. Il entrevoyait la lutte inevitable et longue qui l'attendait. Par un detour il rentra au village et passa devant la demeure cossue des trois demoiselles Dufour. Il songea a l'existence de ces trois vierges reveches qui, elles aussi, menaient une existence incolore et ratee. Elles etaient la, demeuraient la, isolees dans la monotonie mortelle du milieu villageois. Que diraient-elles de moi si elles savaient d'ou je viens? pensa-t-il. En imagination, il voyait les levres prudes se contracter, et le rouge de la pudeur offensee se repandre sur leurs joues pales. N'avaient-elles donc jamais une revolte des sens? N'eprouvaient-elles jamais le besoin eperdu d'enlacer un homme, de lui plaquer les levres sur la bouche, comme il faisait avec Sidonie? Il resta plante un moment, immobile, les yeux fixes sur la belle maison. Les murs blancs se teintaient vaguement d'une clarte lunaire entre le noir des sapins environnants et, derriere les stores baisses de deux fenetres, se dessinaient dans la nuit deux rectangles de lumiere. M. Triphon se dit que, sans doute, elles se tenaient la, reunies t
PREV.   NEXT  
|<   88   89   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112  
113   114   115   116   117   118   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131   132   133   134   135   136   137   >>   >|  



Top keywords:
encore
 

jamais

 

avaient

 

levres

 

existence

 

vaguement

 

menaient

 

incolore

 

mortelle

 
diraient

savaient

 

villageois

 

milieu

 

demeuraient

 

etaient

 

isolees

 

monotonie

 
cossue
 
simuler
 
allait

mentir

 

entrevoyait

 

inevitable

 

rentrant

 

venait

 

honnetete

 

franchise

 

longue

 
attendait
 

Dufour


demoiselles
 
songea
 

reveches

 
vierges
 
demeure
 
detour
 

rentra

 

village

 
devant
 
clarte

teintaient
 

lunaire

 

sapins

 
blancs
 
immobile
 

maison

 

environnants

 

derriere

 

Triphon

 

tenaient