le perron. Les gardes, les archers, les arquebusiers masses,
les gentilshommes a cheval. Guise au milieu d'eux, la foule aux
fenetres, tout ce monde qui hurlait avait fait soudain silence.
On vit Pardaillan, avec ses vetements dechires et sanglants, descendre
le perron et s'avancer vers le duc de Guise. Alors on entendit sa voix
ferme, un peu ironique et encore voilee de pitie:
--Monseigneur, je me rends!...
Guise demeura une minute comme stupide. Pardaillan, la tete levee, le
regardait en face. Le duc jeta autour de lui des regards soupconneux. Le
silence devint Effrayant.
--N'ayez pas peur. Monseigneur, il n'y a pas d'embuscade, dit alors
Pardaillan.
Et c'etait si enorme, ce mot "N'ayez pas peur" dit par un homme seul,
blesse, desarme, a un homme entoure de cinq cents gardes, que Guise
palit, comme si, pour la deuxieme fois, cet homme l'eut soufflete. Il
fit un geste.
Aussitot, Pardaillan fut entoure de gens d'armes. Et ce fut alors
seulement, lorsque le chevalier desarme, blesse, seul, fut par surcroit
enveloppe d'un quadruple rang de gardes, ce fut alors que Guise parla:
--Vous vous rendez, monsieur! Que me disait-on, que vous etiez
invincible, un indomptable! Par ma foi, messieurs, je vous trouve
ridicule avec vos archers: pour prendre monsieur, il suffisait d'envoyer
un exempt...
Pardaillan se croisa les bras. Guise haussa les epaules.
--Allons, dit-il, j'etais venu pour voir un paladin... Gardes,
conduisez-le a la Bastille... je suis fort marri de m'etre derange pour
ne voir qu'une figure de lache.
Pardaillan se mit a sourire. Mais ce sourire etait livide. Il etendit le
bras: du doigt, il designa le visage du duc. Et, d'une voix tres calme,
il dit:
--Je croyais me rendre au bourreau; je me suis trompe: je ne me suis
rendu qu'a Henri le Soufflete. Tenez-moi bien, Henri de Lorraine,
pendant que vous me tenez! Tuez-moi bien, pendant que vous pouvez
m'assassiner! Et, si vous croyez au Dieu a qui, voici seize ans, vous
avez offert vingt mille cadavres d'innocents, si vous croyez a ce Dieu
que vous allez prechant, pour voler un trone, priez-le bien! Car, j'en
jure par le nom de mon pere, si vous ne me tuez pas, je vous tuerai,
moi! Et ce mot que vous venez de me jeter, je le ramasse, et vous le
renfoncerai dans la gorge avec la pointe de ma dague!... Gardes, en
avant!...
Pardaillan se mit a marcher, entoure par les arquebusiers qu'il
paraissait conduire, tant ils avaient semble obeir a son c
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