ommandement.
XLIII
CONSEIL DE FAMILLE
Guise se mit en marche vers son hotel. Aussitot il en fit fermer les
portes. Il avait besoin de se recueillir, de reflechir sur ce qu'il
venait de voir. De toute evidence, Paris etait a bout de patience. Il
fallait trouver un moyen de l'occuper et de l'amuser.
Guise entra dans son vaste cabinet. Il etait suivi de Maineville et de
Bussi-Leclerc, ses favoris.
--Mais, je ne vois pas Maurevert, dit-il.
--Monseigneur, fit Maineville, Maurevert digere... le plat de vengeance
dont il s'est nourri tout a l'heure sinon dans l'auberge, du moins
devant la Deviniere.
--Ah! oui... Il a une haine... une vieille haine contre le Pardaillan.
Eh bien, il doit etre satisfait? Il le sera mieux encore demain et,
quel que soit son appetit de vengeance, je me charge de l'apaiser pour
longtemps.
--Tudieu! quel appetit, monseigneur! reprit Maineville. Depuis l'affaire
de la butte Saint-Roch...
--Les ailes du moulin? fit Guise en riant.
--Oui. Eh bien, je croyais en vouloir fort au sire de Pardaillan. Et
voici Leclerc qui n'a pas passe un seul jour sans faire porter un cierge
a Notre-Dame afin que la bonne Vierge lui permit de prendre sa revanche.
Est-ce vrai, Bussi?
--C'est ma foi vrai! dit Leclerc. Et je suis fache que le drole se soit
rendu. J'y perds une douzaine de ducats que j'ai depenses en bonne cire
de premiere qualite.
--Tu te plaindras a Notre-Dame, quand tu iras en paradis, fit Guise.
--Donc, continua Maineville, Leclerc et moi, nous avions une dent
aiguisee contre le damne Pardaillan. Mais cette dent n'etait rien aupres
de celle de Maurevert qui en a une vraie defense de sanglier. Je l'ai
vu, monseigneur, au moment ou le fier-a-bras s'est venu lui-meme placer
parmi les gardes comme un simple truand qui se rend au guet. Maurevert
m'a saisi le bras a m'en faire crier, et il a dit: "Voici le plus beau
jour de ma vie..." Et, lorsqu'on emmena le Pardaillan, il sauta de
son cheval. Et, comme je lui demandais ou il allait, il me montra le
prisonnier et il se mit a suivre les gardes.
--Eh bien, laissons donc Maurevert a son regal, et occupons-nous de nos
braves ligueurs. Il faut prendre une decision...
--Oui, mon frere, dit a ce moment une voix rude, il est temps de prendre
une decision.
On vit alors entrer l'homme qui parlait ainsi, et qui, depuis un
instant, avait entrouvert la porte.
--Louis! s'ecria Henri de Guise.
--Et Charles! ajouta un deuxieme perso
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