ons la fiancee qu'en la
voyant... Ainsi, monseigneur, si vous y consentez, nous allons nous
retirer, Leclerc et moi, pour nous trouver a Saint-Paul a onze heures et
demie.
--Eh bien, fit tout a coup le duc de Guise, non seulement je vous
autorise a vous rendre a ce bizarre rendez-vous, mais je vous y
accompagne! Pardieu! je veux, moi aussi, voir la fiancee de Maurevert.
En parlant ainsi, le duc assura sa rapiere et jeta un manteau sur ses
epaules.
--Monseigneur, dit Bussi-Leclerc avec une certaine hesitation, nous
avons promis a Maurevert de ne rien dire a personne, et surtout a
vous...
--Soyez tranquilles... je m'arrangerai de facon a tout voir sans etre
vu. En route, messieurs...
Les trois hommes arriverent rapidement a Saint-Paul. Bussi-Leclerc et
Maineville penetrerent dans l'eglise, laissant le duc sous le portail,
selon ce qui etait convenu en route. Le Balafre demeura immobile,
cache dans la nuit du porche, emu, malgre lui, il ne savait de quelle
angoisse. A ce moment, du fond de la nef, parvint jusqu'a lui une
clameur de detresse; puis un bruit de lutte violente.
"Ce n'etait pas un complot, murmura Guise rassure, c'etait un meurtre;
mais qui tue-t-on?"
Il entra. Les cris, brefs et etouffes, les cliquetis d'armes
remplissaient l'eglise. La-bas, vers le choeur, dans l'obscurite,
s'agitait violemment un groupe d'ombres... puis, tout a coup, il vit
qu'on entrainait quelqu'un, et toute la bande passa a trois pas de
lui... Quelques instants plus tard, il entendit le carrosse qui
s'elancait et comprit que le quelqu'un etait emporte vers une
destination inconnue.
Un inexprimable etonnement s'empara alors de Guise. En effet, au moment
ou il croyait tout fini, il venait d'entendre encore un cri... un cri de
femme... et, portant les yeux vers le choeur, il voyait un pretre qui
officiait a l'autel, et, agenouilles, pareils a deux fiances, un homme
et une jeune fille vetue de blanc... l'homme, l'epoux, soutenait la
jeune fille de son bras, et il sembla a Guise, de la place ou il se
trouvait, que cette fiancee se laissait aller avec abandon au bras de
Maurevert... Car l'homme ne pouvait etre que Maurevert.
Tout a coup le duc tressaillit. La ceremonie etait terminee; le pretre,
ayant prononce la formule d'union, se retirait; l'epoux, Maurevert, se
relevait. Et alors. Guise, debout, constata que l'epouse etait evanouie,
morte, peut-etre! Ce qu'il avait pris pour une attitude de tendresse
n'etait que l'atti
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