nnage qui penetra dans la salle en
soufflant comme un boeuf.
--Et cette pauvre petite Catherine! ajouta une voix feminine, malicieuse
et douce a la fois.
--Et votre mere, Henri! ajouta une voix feminine aussi, mais grave, avec
on ne savait quoi de sombre.
Le duc de Guise, a la vue de ces quatre personnages qui venaient
d'entrer, fit un signe a Maineville et Bussi-Leclerc, qui, s'etant
inclines profondement, disparurent.
--Mes freres, ma soeur, ma mere, dit alors le duc, soyez les bienvenus.
Rien ne pouvait m'etre aussi precieux que de voir reunie toute la
famille, en une circonstance ou se joue la gloire de notre nom et ou la
maison dont je suis le chef peut conquerir la premiere place qui soit au
monde.
--C'est cette conquete qu'il s'agit de decider, dit la mere des Guise.
Vous n'avez qu'un pas a faire. Ce pas, vous hesitez a le faire. Si vous
ne le faites pas, Henri, nous sommes tous perdus.
Le duc de Guise palit. Puis, comprenant que l'heure etait venue d'une
explication decisive, il invita ses visiteurs a prendre place dans des
fauteuils, et s'asseyant lui-meme:
--Causons donc, ma mere, dit-il, car vous savez que je suis pret a
mourir plutot que de vous voir menaces par un danger que j'aurais
cree...
Les quatre personnages s'assirent. C'etait: Louis de Lorraine, cardinal
de Guise; Charles de Lorraine, duc de Mayenne; Marie-Catherine de
Lorraine, duchesse de Montpensier, et Anne d'Este, duchesse de Nemours,
veuve de Francois de Guise, tue par Poltrot de Mere au siege d'Orleans.
Ces cinq personnages etaient donc reunis dans le vaste cabinet.
Assistons a ce conseil de famille d'ou tant d'evenements devaient sortir
pour aboutir a une catastrophe.
La duchesse de Nemours avait pris place dans le grand fauteuil de son
fils aine. Elle se trouvait placee le dos a la fenetre, et face a un
immense portrait de Francois de Guise. Ses enfants etaient reunis autour
d'elle.
Le cardinal de Guise parla le premier et dit:
--J'ai recu, de Celle qui nous guide, l'ordre d'attendre a Notre-Dame
l'arrivee de mon frere Henri. J'avais tout prepare pour la ceremonie du
couronnement. Six cardinaux et douze eveques envoyes par Sa Saintete
Fausta m'entouraient. Trois cents cures, doyens ou vicaires, etaient
prets a se repandre dans Paris pour annoncer la bonne nouvelle. Tout
etait pret: mon frere seul ne l'etait pas, puisqu'il n'est pas venu a
Notre-Dame!
Henri fronca le sourcil. Mais deja le duc de Mayenne prenait
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