cacher, tandis que je tiendrai tete a ces furieux. Car, je crois ne
rien vous apprendre, Huguette, en vous disant que cette fuite dont je
vous parlais serait bien difficile.
--Impossible! balbutia Huguette avec un sanglot.
--Vous voyez bien qu'il faut vous cacher... dans votre cave, par
exemple... Moi pris, ils n'auront pas l'idee de pousser plus loin les
recherches. Venez, ma chere, ce silence relatif qui se tait dans la rue
ne m'annonce rien de bon...
--Vous pris! murmura Huguette. Vous mort, que deviendrai-je, moi?...
--Elle reposa sur la poitrine du chevalier sa tete charmante que l'amour
transfigurait.
--Au-dehors, dans ce silence relatif qu'avait signale Pardaillan, une
voix rude retentissait:
--Ici, ces poutres!... Les arquebusiers, la, sur deux rangs! Et appretez
vos armes! Ici, les hallebardiers!
--Pardaillan, dit Huguette tres doucement, laissez-moi mourir avec vous,
puisque je n'ai pu vivre avec vous. Mon pauvre coeur, depuis des annees,
porte votre image. Je n'esperais pas votre amour. Je savais que vous
aviez donne toute votre pensee a une autre. Je savais que vous adoriez
Loise morte comme vous l'aviez aimee vivante. Oh! non, je n'esperais
rien... Seulement, quand vous etiez la, je vous regardais, et cela
suffisait. C'etait ma part de bonheur.
Pardaillan, tout pale, ecoutait la voix brisee de larmes qui lui
rapportait le premier aveu d'un amour qu'il connaissait depuis de
longues annees.
Huguette, elle, n'ecoutait que son coeur, qui enfin osait se reveler.
--Vous voyez, Pardaillan, que votre vie, c'etait ma vie. S'il ne
s'agissait pour vous que de quelque mefait qui se paie par la prison, je
serais tranquille, car je me ferais forte de vous delivrer. Vous vivant,
meme prisonnier, comme vous le futes jadis a la Bastille, je vivrais...
je me dirais: "Surement, il en sortira. S'il n'en trouve pas le moyen,
je le trouverai, moi!...
--Huguette, ma chere Huguette. c'est precisement de cela qu'il s'agit!
--Non, non, vous allez mourir, Pardaillan! Votre air et vos preparatifs
me disent assez que vous etes decide a vous faire tuer sur place.
--Decide a me defendre, voila tout. Mordieu, croyez-vous que ce soit
agreable d'aller a la Bastille?
--Non, Pardaillan! mais on sort de la Bastille, on ne sort pas du
tombeau...
--Hum!... on sort... on sort... pas toujours, ma chere!
--C'est donc bien grave ce que vous avez fait?
--Pas grave du tout. Comme je crois vous l'avoir dit, je n'ai
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