semblee, on en refait l'histoire avec les
lettres de saint Bernard et des fragments d'historiens. Nous ne voyons
aucune raison pour renvoyer le concile de Sens, comme le veulent les
Bollandistes, a l'annee 1141. (Cf. _Act. concilior_., t. VI, pars II,
p. 1219.--Philip. Labbaei _Sacr. concil._, t. X, p. 1018.--_Anal. des
concil_., par le pere Richard, t. V, suppl.--_Act. sanct_., t. III, p.
196.)]
[Note 263: _Alan, episc. autiss. in Vit. S. Bern_., c. XXVI. _Rec.
des Hist_., t. XIV, p. 371.--_Gall. Christ_., t. XII, p. 40.]
Le lendemain, le concile s'ouvrit dans l'eglise metropolitaine de
Saint-Etienne. Les peres etaient assis en presence du roi sur son trone.
Seigneurs, moines, docteurs, pretres, tous attendaient en silence.
L'emotion interieure d'une grande curiosite agitait tous les esprits.
L'anxiete attentive redoubla lorsqu'Abelard parut. Il traversait
la foule des assistants qui s'ouvrait pour lui faire place,
lorsqu'apercevant parmi eux Gilbert de la Porree qui le regardait d'un
air d'intelligence, il lui fit un signe et lui dit ce vers d'Horace en
passant:
Nam tua res agitur, paries cum proximus ardet,
predisant ainsi le synode de Paris ou, sept ans apres, saint Bernard
devait, pour des nouveautes analogues, poursuivre le subtil prelat[264].
[Note 264: Hor. _Epist._ I, XVIII, 84.--Vincent. Bellov., _Biblioth.
Mund._, t. IV; _Spec. historial._, l. XXVII, c. lxxxvi, p. 1127.--Gaufr.
aulissiod. _Vit. S. Bern., Rec. des Hist._, t. XIV, p. 372.--_Hist.
litt._, t. XII. p. 467.]
Abelard s'arreta au milieu de l'assemblee. En face de lui, dans une
chaire qu'on montrait encore avant la revolution, saint Bernard etait
debout, acceptant le role de promoteur, c'est-a-dire d'accusateur devant
le concile qu'il semblait presider[265]. Il tenait a la main les
livres incrimines; dix-sept propositions en avaient ete extraites, qui
renfermaient des heresies ou des erreurs contre la foi. Saint Bernard
ordonna qu'on les lut a voix haute. Mais a peine cette lecture
etait-elle commencee qu'Abelard l'interrompit, s'ecriant qu'il ne
voulait rien entendre, qu'il ne reconnaissait pour juge que le pontife
de Rome, et il sortit[266].
[Note 265: _Recherches hist. sur la ville de Sens_, par M. Th.
Tarbe, 1838, c. xxi.--D'Amboise signale comme une irregularite de la
procedure que l'accusateur ait ete saint Bernard, qui n'etait pas de la
meme province ecclesiastique qu'Abelard. Un _accusateur idoine_, dit-il,
devait etre choisi
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