448, 1613; t. XII, p.
44 et passim.--Voyez aussi ci-dessus, p. 23 et ci-apres l. II, c. VII et
X.]
[Note 261: Loc. cit., et S. Bern. _Op._, ep. CCCXXXVII.]
Les actes du concile de Sens n'existent plus. Les scenes interieures
n'en ont ete nulle part fidelement decrites. Nous ne savons que quelques
faits succinctement indiques par saint Bernard et les eveques. Il faut
les raconter apres eux.
Le premier jour, 2 juin 1140[262], c'etait un dimanche (on l'appelait
alors le jour de l'octave de la Pentecote, car la fete de la Trinite n'a
ete fondee qu'au XVe siecle), on s'occupa de l'adoration des reliques
qui furent exposees a la veneration des fideles. Le roi les visita
pieusement, disent les ecrivains ecclesiastiques, et se les fit montrer
et expliquer par saint Bernard[263]. Ce fut une grande solennite rendue
plus imposante par une pompe royale, episcopale, guerriere, et dont
l'effet etait tout favorable a l'Eglise, qui faisait ainsi parler
la religion a l'imagination populaire, tandis que la theologie
philosophique ne s'adressait qu'a l'intelligence. D'un cote, une vaste
cathedrale, des debris sacres dans une chasse etincelante, la mitre et
la couronne, la crosse et le sceptre, la croix et l'epee, les vetements
de soie et d'or des pontifes, les robes fleurdelisees, les dalmatiques
blasonnees, les chants religieux qui semblent s'elever vers le ciel
avec la fumee de l'encens, le bruit de l'armure des guerriers qui
s'agenouillent; enfin au milieu de ces pieuses magnificences, un moine
austere et charitable que la voix populaire sanctifie avant l'Eglise; et
de l'autre, un homme d'une renommee etrange et suspecte, celebre par de
tristes aventures, par des tentatives steriles, par des humiliations
bizarres, a la fois altier et faible, n'ayant jamais pris que des
positions temeraires sans en avoir su garder aucune, appuye seulement
par une bande de bruyants disciples, simples sans humilite, fiers sans
puissance, n'ayant ni les grandeurs du monde ni celles de l'Eglise,
libres d'esprit, ce qui ne plait a personne, si ce n'est l'avant-veille
des revolutions.
[Note 262: J'ignore sur quel fondement un auteur dit que le concile
s'ouvrit le 11 janvier. Les temoignages authentiques donnent une date
certaine, l'octave de la Pentecote. Or, l'annee 1140, Paques etait le
7 avril. (Du Cange, art. _Annus_.) Selon notre maniere de compter, la
Pentecote devait etre le 20 mai. Du reste, comme il n'existe pas de
proces-verbaux de cette as
|