d'armes. Il accepte une mission du roi, celle
de pacifier l'Ukraine, et il laisse a la cour sa fille Mikla comme
otage. Stencko et Rogoviane, naturellement, aiment Mikla. Des lors, la
seule situation dramatique est celle du pere et de l'amant, pris entre
l'amour de la patrie et l'amour qu'ils eprouvent pour la jeune fille.
Au denoument, la patrie l'emporte, Stencko et Mikla meurent, mais les
Cosaques sont victorieux.
La situation principale ne fait que se deplacer, pas davantage. D'abord,
c'est Froll-Gherasz qui arrive dans un campement cosaque et qui adjure
ses anciens soldats de ne pas recommencer une lutte insensee; mais,
lorsque Stencko, en apprenant que Mikla est restee comme otage, refuse
le commandement et retourne a la cour de Ladislas IV pour la sauver, le
vieux chef oublie sa mission, oublie sa fille, et saisit le sabre de
chef supreme, par amour de la patrie en larmes. Ensuite, c'est Stencko,
qui veut enlever Mikla; la, apparait Marutcha, une sorte de prophetesse
qui conduit les Cosaques au combat, et Marutcha decide les jeunes gens a
se sacrifier pour leur pays. Mikla reste a la cour afin d'endormir les
soupcons de Ladislas. Enfin, le quatrieme acte est vide d'action, on y
voit simplement Froll-Gherasz preparant la victoire par des tirades
sur les devoirs du soldat. Puis, au cinquieme acte, nous retombons de
nouveau dans l'unique situation, Stencko a ete blesse, Mikla a ete
sauvee de l'echafaud par Rogoviane qui veut se faire aimer d'elle,
et elle expire sur le corps de Stencko, elle tombe assassinee par le
traitre, lorsque celui-ci entend arriver les Cosaques vainqueurs.
Je ne puis m'arreter a discuter les details, la maladresse de certaines
peripeties. Le point de depart est singulierement faible; ce pere,
qui laisse sa fille en otage, devrait se connaitre et ne pas jouer si
aisement les jours de son enfant. On n'est pas emu le moins du monde de
la douleur de Froll-Gherasz, parce qu'en somme il a voulu cette douleur.
Agamemnon sacrifiant Iphigenie est beaucoup plus grand. Mais ce qui me
frappe surtout, c'est le cercle dans lequel tourne la piece. Comme je
l'ai dit en commencant, l'_Hetman_ a eu du succes, en dehors de toutes
les regles. Il ne devait pas avoir de succes, puisque les critiques
enseignent qu'une piece ne peut reussir sans action, sans situations
variees et combinees. Les cinq actes se repetent, et pourtant les bravos
n'ont pas cesse une minute. Voila un fait troublant pour les magisters
du
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