s qui
reduisent les personnages a de simples pieces d'un jeu de patience,
elles sont indignes d'une litterature honnete. C'est de la fabrication,
c'est de l'arrangement plus ou moins habile, mais ce n'est pas de
l'humanite; et il n'y a rien en dehors de l'humanite.
Un exemple m'a beaucoup frappe. Dans _les Noces d'Attila_, on voit qu'au
dernier acte Ellack, un fils du conquerant, apprend de la bouche meme
d'Hildiga, que celle-ci veut tuer son pere. Justement, a la scene
suivante, il se trouve en face d'Attila. Les critiques en question se
sont allumes: voila, selon eux, une situation superbe. Comment Ellack
va-t-il en sortir? De la facon la plus simple du monde. Au moment ou il
est sur le point de tout dire a Attila, celui-ci s'avise de l'avertir
que le lendemain matin il fera tuer sa mere, une de ses epouses qu'il
retient en prison pour une faute ancienne. Et, des lors, Ellack, force
de choisir entre son pere et sa mere, se decide pour celle-ci. Il se
retire. C'est du theatre, parait-il. Les critiques les plus durs pour la
piece ont ici retire leur chapeau.
Eh bien, cela me met hors de moi. Je trouve cela pueril, fou,
exasperant. Si reellement la situation au theatre doit consister dans de
pareilles devinettes, monstrueuses et enfantines, rien n'est plus facile
que d'en inventer, et de plus stupefiantes encore. Quoi! il y aura du
talent a resoudre des problemes sans issue raisonnable, a poser des cas
qui ne sauraient se presenter et a se tirer ensuite d'affaire par des
lieux communs! Et le pis est que, dans ces aventures extraordinaires, le
personnage disparait fatalement. Sommes-nous ensuite plus avances sur le
compte d'Ellack? Pas le moins du monde. Ce garcon aime mieux sa mere,
parce que son pere se conduit mal. Cela est d'une psychologie mediocre.
Aucune analyse, d'ailleurs. Les faits menent les personnages comme des
marionnettes. Il n'y a pas la une etude humaine. Il y a simplement des
abstractions qui se promenent, au gre de l'auteur, dans des casiers
etiquetes a l'avance.
Qui dit theatre, dit action, cela est hors de doute. Seulement,
l'action n'est pas quand meme l'entassement d'aventures qui emplit les
feuilletons des journaux. Dans toute oeuvre litteraire de talent,
les faits tendent a se simplifier, l'etude de l'homme remplace les
complications de l'intrigue; et cela est d'une verite aussi evidente
au theatre que dans le roman. Pour moi, toute situation qui n'est pas
amenee par des caracteres et qui n'
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