isif au
mouvement, appuyer sur les tatonnements, sur les essais, sur tout cet
effort si meritoire que nos jeunes auteurs, et M. Jules Claretie le
premier, font en ce moment.
La question est facile a resumer. Toutes les pieces historiques ecrites
depuis dix ans sont mediocres et ont fait sourire. Il y a evidemment
la une formule epuisee. Les gasconnades d'Alexandre Dumas, les tirades
splendides de Victor Hugo ne suffisent plus. Nous sentons trop a cette
heure le mannequin sous la draperie. Alors, quoi? faut-il ecouter les
critiques qui nous donnent l'etrange conseil de refaire, pour reussir,
les pieces de nos aines que le public refuse? faut-il plutot marcher en
avant, avec les etudes historiques nouvelles, contenter peu a peu le
besoin de verite qui se manifeste jusque dans la foule illettree?
Evidemment, ce dernier parti est le seul raisonnable. C'est jouer sur
les mots que de poser en axiome: Un auteur dramatique doit s'en tenir
a la convention historique de son temps. Oui, si l'on veut; mais comme
nous sortons aujourd'hui de toute convention historique, notre but doit
donc etre de dire la verite historique au theatre. Il ne s'agit que de
choisir les sujets ou l'on peut la dire.
D'ailleurs, a quoi bon discuter? Les faits sont la. Notre drame
historique ne serait pas malade, si le public mordait encore aux
conventions. On est dans un malaise, on attend quelque oeuvre vraie qui
fixera la formule. Faites des drames romantiques, a la Dumas ou a la
Hugo, et ils tomberont, voila tout. Cherchez plus de verite, et vos
oeuvres tomberont peut-etre tout de meme, si vous n'avez pas les epaules
assez solides pour porter la verite; mais vous aurez au moins tente
l'avenir. Tel est le conseil que je donne a la jeunesse.
II
M. Emile Moreau, un debutant, je crois, a fait jouer au Theatre des
Nations une piece historique, intitulee: _Camille Desmoulins_. Cette
piece n'a pas eu de succes. On a reproche a _Camille Desmoulins_ de
presenter une debandade de tableaux confus et mediocrement interessants;
on a ajoute que les personnages historiques, Danton, Robespierre, Hebert
et les autres, perdaient beaucoup de leur hauteur et de leur verite; on
a blame enfin le bout d'intrigue amoureuse, une passion de Robespierre
pour Lucile, qui mene toute l'action. Ces reproches sont justes.
Seulement, les critiques qui defendent la convention au theatre, ont
profite de l'occasion pour exposer une fois de plus leur these des deux
verites, la
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