sse trop absolue. Les demi-mesures sont detestables en
litterature. Voyez le gai mensonge de _la Dame de Monsoreau_, reprise
dernierement au theatre de la Porte-Saint-Martin, ce mensonge qui se
moque parfaitement de l'histoire: comme il a une logique qui lui
est propre, comme il est complet en son genre, il interesse. Voyez
maintenant _Camille Desmoulins_, dont certaines parties sont aussi
fausses, et dont d'autres parties contiennent textuellement des
documents: la piece n'est plus qu'un monstre, le melange manque
d'equilibre et arrive a ne contenter personne. Tel est le cas. Il est
d'une bonne foi douteuse, en cette affaire, de vouloir faire payer les
pots casses a la formule naturaliste.
Je conclurai en repetant que le drame historique est desormais
impossible, si l'on n'y porte pas l'analyse exacte, la resurrection des
personnages et des milieux. C'est le genre qui demande le plus d'etude
et de talent. Il faut non seulement etre un historien erudit, mais il
faut encore etre un evocateur nomme Michelet. La question de mecanique
theatrale est secondaire ici. Le theatre sera ce que nous le ferons.
III
Il me reste a parler de deux gros drames, _la Convention nationale_ et
_l'Inquisition_. Au Chateau-d'Eau, la _Convention nationale_ a tue par
le ridicule le drame historique. En verite, nos auteurs n'ont pas de
chance avec l'histoire de notre Revolution. Ils ne peuvent y toucher
sans ennuyer profondement ou sans faire rire aux eclats les spectateurs.
Si l'on excepte _le Chevalier de Maison-Rouge_, qui pourrait aussi bien
se passer sous Louis XIII que sous la Terreur, pas une piece sur la
Revolution, qu'elle soit signee d'un nom inconnu ou d'un nom connu, n'a
remporte un veritable succes. Et cela s'explique aisement: la Revolution
est encore trop voisine de nous, pour que notre systeme de mensonge,
dans les pieces historiques, puisse lui etre serieusement applique. Ce
mensonge va librement de Merovee a Louis XV. Puis, des qu'ils entrent
dans la France contemporaine, qui commence a 89, les auteurs perdent
pied fatalement, parce que nous ne pouvons plus adopter leurs
calembredaines romantiques sur une epoque dont nous sommes. Aussi
n'a-t-on jamais risque des drames historiques, en dehors du Cirque,
sur Napoleon Ier, Charles X, Louis-Philippe, Napoleon III et les deux
dernieres Republiques. Le drame historique actuel, etant base sur
les erreurs les plus grossieres, en est reduit a montrer au peuple
l'histoire que le
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