lement regle, et enleve avec une grande bravoure
par M. Deshayes, le chevalier de Soreuil. Le meilleur tableau est le
cinquieme, ou l'on compte deux belles scenes, la terrible scene entre
Marthe et son fils Tolben qui lui arrache le secret de sa trahison, et
la grande scene qui suit, dans laquelle Ruskoe se devoile et apporte a
Marthe le rachat. Quant au sixieme, il escamote simplement le denoument;
la piece est finie, d'ailleurs; il aurait fallu un vaste decor, un
tableau mouvemente, montrant Marthe ouvrant la porte aux liberateurs, au
milieu des coups de feu et des acclamations; et rien n'est plus froid
que de la voir arriver blessee a mort, dans un decor triste et etroit,
le coin de forteresse ou Tolben, Hedwige et d'autres patriotes attendent
leur execution.
Je vois la quelques belles situations, gatees par des parties grises
et mal venues. Je ne parle pas de la langue, qui est bien mediocre. M.
Ernest Blum porte la peine du milieu romantique dans lequel il vit.
Il patauge dans une formule morte, malgre sa reelle habilete d'auteur
dramatique; il est gene et raidi, comme les hommes d'armes qu'il nous
a montres, enfermes dans des cuirasses de fer-blanc, pareilles a des
casseroles fraichement etamees.
VI
Je n'avais pu assister a la premiere representation du drame en cinq
actes de MM. Malard et Tournay: _le Chien de l'Aveugle_, joue au
Troisieme-Theatre-Francais. Mais les articles extraordinairement
elogieux, presque lyriques de certains de mes confreres, m'ont fait un
devoir d'assister a une des representations suivantes; les critiques
les plus influents declaraient que c'etait enfin la du theatre, et
que depuis vingt ans on n'avait pas joue un drame mieux fait ni plus
interessant. J'ai donc ecoute avec tout le recueillement possible, et
j'ai en effet trouve la piece habilement charpentee, offrant quelques
scenes heureuses, lente pourtant dans certaines parties et fort mal
ecrite. Cela est d'une moyenne convenable, du d'Ennery qui aurait besoin
de coupures. Mais je me refuse absolument a m'extasier, a m'ecrier:
"Enfin, voila une oeuvre, voici ce qu'il faut faire; jeunes auteurs,
etudiez et marchez!"
Quelle est donc cette rage de la critique dramatique, de nier tous les
efforts originaux, et de se pamer d'aise, des que se produit une oeuvre
mediocre, coupee sur les patrons connus! Ainsi voila des critiques, la
plupart fort intelligents, qui montrent la severite la plus grande pour
les tentatives dramatique
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