ne position
officielle et qu'il ne fut ni consul ni charge d'affaires d'aucun petit
prince allemand, etait en relations avec le plus grand nombre de ses
compatriotes: avec les uns, ceux qui formaient la tete de la colonie
allemande, par les affaires; avec les autres, ceux qui se trouvaient
au bas de l'echelle, par des oeuvres de bienfaisance ou de propagande
religieuse; les financiers de la Chaussee-d'Antin lui serraient la
main; les carriers de la barriere de Fontainebleau, les balayeurs de la
Villette, les ouvriers du quartier Saint-Antoine, le connaissaient.
Plusieurs de ces derniers venaient meme quelquefois rue du Colisee, et
lorsqu'ils etaient enfermes dans son cabinet, ou il les recevait seuls,
son secretaire veillait sur sa porte pour la defendre. Lorsqu'ils
parlaient de lui, ils le faisaient d'une facon mysterieuse, et lorsqu'on
les interrogeait sur leurs relations assez etranges avec un homme
occupant une haute position sociale comme le baron, ils repondaient
contradictoirement. Pour les uns, le baron etait simplement un banquier
qui voulait bien faire passer, genereusement et sans frais, a leur
famille, l'argent qu'ils lui remettaient; pour les autres, un peu
plus francs, c'etait le correspondant d'associations etablies dans la
mere-patrie.
Avec ces relations parmi les ouvriers parisiens, le baron pouvait
organiser les recherches qu'il desirait, car plusieurs de ces ouvriers
etaient les camarades et les amis d'Antoine.
Il n'eut qu'un mot a dire pour qu'on lui indiquat a qui il devait
s'adresser:
--Hermann est l'ami d'Antoine Chamberlain, il le connait bien; ils se
voient tous les jours.
Hermann etait precisement un de ces ouvriers que le baron recevait
mysterieusement ou tout au moins avec lesquels il s'enfermait.
Mande par un mot pressant, il arriva le soir meme rue du Colisee. Et, en
moins d'une heure, le baron connut Antoine Chamberlain, comme s'il avait
ete en relations avec lui depuis plusieurs annees; il comprit quel etait
le role qu'il avait joue, et il sentit quelle etait son influence.
Mais Therese?
Les reponses d'Hermann ne pouvaient etre que plus vagues sur cette
petite fille, qu'il avait bien souvent vue, mais sans jamais la
regarder, et qui pour lui etait sans importance. Tout ce qu'il savait,
c'est qu'il etait question d'un mariage entre cette jeune fille et
l'associe d'Antoine, un jeune sculpteur sur bois, nomme Michel, un brave
garcon aussi, et qui, comme homme, valait Antoin
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