luence de cette esperance, mon amour s'est developpe.
N'avait-il pas un but legitime? Sans doute mademoiselle Belmonte pouvait
arriver sans moi au theatre, mais combien je lui rendais la route plus
facile, combien je lui ouvrais de portes! En realite, elle etait mon
eleve; pour tout dire, elle est mon ouvrage. Vous connaissez trop les
choses du theatre....
--Oh! bien peu.
--Enfin, vous les connaissez assez pour savoir qu'on n'obtient pas de
grands succes seulement avec la beaute et des dons heureux; il faut
plus, beaucoup plus. Ce plus, je le donnais a Carmelita; je la soutenais
et elle devenait une grande artiste. Cela valait bien un beau mariage,
peut-etre. En tout cas, Carmelita le comprit ainsi, et je pus croire
qu'elle serait ma femme.
--Pardon, mon cher monsieur, mais je vous ai demande de preciser autant
que possible; je ne veux pas vous obliger a entrer dans des details, un
mot seul me suffira: y eut-il engagement formel de la part de Carmelita
envers vous?
Beio hesita un moment, puis il se decida:
--Il y eut un engagement formel entre nous, dit-il d'une voix ferme.
Vous devez comprendre alors quelle fut ma stupefaction en entendant
parler de ce mariage. Je ne crus pas a cette nouvelle. Cependant je
courus chez mademoiselle Belmonte pour avoir une explication avec elle;
je la trouvai seule, et cette explication fut terrible. A mes reproches,
elle ne repondit que par un mot: elle etait obligee d'obeir a son oncle.
Tout ce que peut inspirer la passion et la fureur, je le lui dis. Elle
s'enferma dans cette reponse; pendant une heure, il me fut impossible
d'obtenir d'elle autre chose. Je la quittai fou de colere. Mais, pret
a sortir, je rentrai et lui dis que puisqu'elle etait insensible a
la passion, je n'avais aucun menagement a garder envers elle et que,
n'importe comment, j'empecherais ce mariage, si elle ne le rompait pas
elle-meme. Puis, je la quittai, et depuis ce jour je ne l'ai pas revue.
Toutes mes tentatives pour arriver pres d'elle ont ete inutiles; on
faisait bonne garde. Je lui ai ecrit, mais j'ai la certitude que mes
lettres ne lui sont pas parvenues.
--Alors, vous avez renonce a demander l'accomplissement de l'engagement
pris par Carmelita?
--Non, certes; mais, avant d'en venir a l'execution des moyens
desesperes dont je l'ai menacee, j'ai voulu attendre encore et faire une
derniere tentative: c'est dans ce but que je viens vous demander votre
concours.
--Que faut-il faire? Je suis
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