des choses et qui, par ses relations
multiples aussi bien en France qu'en Allemagne, etait en mesure d'etre
bien informe, repetait comme beaucoup d'autres: ce ne sera pas cette
annee.
Si, pour certaines raisons, cette croyance le satisfaisait, pour
d'autres non moins serieuses elle le desesperait; car, depuis longtemps
averti et convaincu de l'imminence de la guerre, il etait a la baisse
dans toutes ses speculations. Au lieu du trouble qui devait retablir ses
affaires, il voyait de nouveau se raffermir une tranquillite qui les
ruinait; encore quelques mois de paix et il etait perdu. C'etait meme
cette expectative terrible qui, en ces derniers temps, lui avait fait si
ardemment desirer de marier sa fille au colonel: la guerre ou la fortune
du colonel. Si les deux lui manquaient, c'en etait fait de lui.
Tout a coup cette guerre, qu'il croyait ecartee pour l'annee presente,
se montra menacante, et en quelques jours les chances de paix semblerent
disparaitre completement, tant des deux cotes on etait dispose a saisir
les occasions de lutte qui se presentaient ou qu'on pouvait faire
naitre.
Les evenements se precipiterent, la rente, qui etait a 72 60 le 5
juillet, etait a 67 40 le 14.
C'etait la fortune pour le financier, mais d'un autre cote c'etait la
ruine des esperances du pere.
En effet, si la guerre eclatait, il ne pouvait pas rester a Paris, et
alors que devenait son plan, qui devait si habilement amener le colonel
a prendre Ida pour femme?
Il fallait donc, s'il etait oblige de quitter Paris, que le colonel le
quittat en meme temps.
Aussitot que les bruits de guerre s'eleverent, et ce fut justement le
lendemain du jour ou eut lieu leur entretien et "ou le coeur d'Ida avait
ete mis a nu, le baron s'occupa de preparer le colonel a ce depart.
Au diner qui suivit cet entretien, le colonel eut pour voisin de table
un medecin qui, disait-on, connaissait admirablement les eaux minerales
de toute l'Europe. Plusieurs fois il sembla au colonel que ce medecin le
regardait avec attention, comme s'il voulait l'etudier.
Apres le diner, ce voisin peu agreable ne le lacha pas et, se
cramponnant a lui de force, l'attira dans un coin.
Il mit la conversation sur les maladies de foie, et cita des cures
merveilleuses obtenues par les eaux minerales.
Puis, tout a coup, quittant les etats generaux pour en prendre
un particulier, il se mit a interroger le colonel comme dans une
consultation.
Vous devez souffrir d
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