ete.
Insinuee par le baron dans l'oreille de quelques intimes, repetee
franchement par la marquise, la nouvelle de la rupture du mariage du
colonel eut bientot fait le tour de la salle.
Etait-ce possible?
--Surtout etait-il possible que le prince eut ainsi quitte Paris?
--Parbleu! avec les diamants du colonel.
--Et en laissant ses creanciers derriere lui.
Sans doute, cette rupture causait une grande joie a la marquise; mais
tout n'etait pas dit pour elle.
Pendant que le baron travaillait a cette rupture, la marquise avait eu
la pensee d'aller voir Therese; mais, emportee dans son tourbillon, elle
avait toujours retarde l'execution de ce projet, qui d'ailleurs etait
assez aventureux. Elle avait attendu aussi en esperant qu'une bonne idee
lui viendrait. Mais, la rupture accomplie, il n'y avait plus a attendre.
Le lendemain de la communication du baron, elle se rendit rue de
Charonne, bien qu'elle ne sut pas l'adresse precise d'Antoine
Chamberlain.
En passant sur le boulevard Beaumarchais, elle fit demander cette
adresse par son valet de pied chez un fabricant de meubles, et bientot
elle arriva devant la porte sur laquelle etait ecrit le nom de
Chamberlain.
Ce fut Denizot qui la recut dans l'atelier desert, et il est vrai de
dire que tout d'abord il la recut assez mal; mais quand elle se fut
nommee, il lui donna toutes les explications qu'elle pouvait desirer.
Malheureusement ces explications venaient ruiner tout son plan: Therese
etait en Allemagne avec son pere, et depuis son depart elle n'avait pas
ecrit.
La marquise se retira deconcertee.
N'avait-elle aide a detruire Carmelita que pour assurer le triomphe
d'Ida?
XX
Le colonel, qui avait longtemps hesite avant d'aller annoncer son
mariage a Therese, se decida tout de suite a lui apprendre que ce
mariage etait rompu.
Et, comme Antoine ne lui avait point ecrit depuis le retour de Sorieul,
et que par consequent il ignorait ou Therese pouvait se trouver en ce
moment, il se rendit rue de Charonne pour avoir l'adresse de son oncle.
Pendant deux jours, a la suite de la scene de la rue du Colisee, il
etait reste enferme chez lui, ayant donne l'ordre de ne recevoir
personne, a l'exception du prince Mazzazoli, qu'il attendait, mais qui
n'etait pas venu.
Il avait besoin de sortir, de marcher, de se secouer, pour echapper aux
pensees qui, plus noires les unes que les autres, troublaient son esprit
et son coeur.
Cette maison, ou les
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