olonel revint avec
Michel dans la salle des pas-perdus, il l'apercut par hasard.
--Vous ici, colonel? quelle heureuse rencontre! J'etais venu accompagner
un ami qui repart pour l'Allemagne.
Le colonel ne paraissait pas dispose aux longues conversations, mais il
fallut, bon gre, mal gre, qu'il acceptat la compagnie du baron.
Mais en chemin le baron n'en put rien tirer: c'etait a peine si le
colonel repondait par un _oui_ ou par un _non_ aux questions qui lui
etaient posees.
Il ne dit pas un mot des personnes qu'il venait de quitter, et le baron
ne laissa pas comprendre qu'il connaissait ces personnes.
Le but qu'il s'etait propose en venant a la gare etait atteint: il avait
vu partir cette petite cousine qu'il redoutait tant, et l'effet produit
par ce depart sur le colonel lui avait montre le bien fonde de ses
craintes.
Maintenant il pouvait agir plus librement, et tourner toutes ses forces
du cote de Beio.
Il etait inutile de laisser les choses trainer en longueur mieux valait
frapper le coup aussitot que possible.
Ce jour-la il etait arrive a la lecon avec un retard assez long,
et, pendant que Flavie travaillait, il avait donne des marques de
preoccupation assez fortes pour que Beio dut les remarquer. Comme a
l'ordinaire, la lecon finie, ils sortirent ensemble. Le baron paraissait
si mal a l'aise, que Beio s'informa de sa sante.
--Ce n'est pas la sante qui va mal, c'est l'esprit. Je suis sous
l'impression d'une grave contrariete et je crains bien d'avoir fait une
double sottise.
Le maitre de chant n'etait pas questionneur, mais le baron n'avait pas
besoin d'etre interroge pour parler.
--J'ai risque un grand coup aujourd'hui; je me suis franchement explique
avec le prince Mazzazoli d'une part, et d'autre part, avec le colonel
Chamberlain, a propos de ce mariage qui me tourmente de plus en plus.
En face, je leur ai dit ce que j'en pensais; tout ce que j'en pensais,
c'est-a-dire tout ce que je vous ai souvent raconte.
--Et le prince s'est fache? demanda Beio, qui arrivait toujours a lacher
une question quand le baron avait fouette sa curiosite.
--Fache, n'est pas le mot, mais il est vivement contrarie, et il m'a
donne a comprendre que je me melais de ce qui ne me regardait pas. Nous
avons echange quelques paroles malsonnantes. Avec le colonel, la scene
a ete moins vive, mais elle n'a pas produit un meilleur resultat! D'un
cote comme de l'autre, il y a parti pris, et le mariage se fera. Pour
mo
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