es a Sorieul, tandis que Michel
entretenait Therese:
--Soyez sur que l'Empire n'en a pas pour longtemps, dit Sorieul; avec ma
brochure je lui ai porte un rude coup dont il ne se relevera pas.
XV
Exactement et regulierement renseigne, le baron Lazarus fut informe jour
par jour de ce qui se passait chez Antoine Chamberlain.
Par Hermann, il apprit la descente de police rue de Charonne, la fuite
d'Antoine par les toits, le sejour chez le colonel, la conduite faite
par celui-ci a son oncle jusqu'a Bale, enfin le depart prochain de
Therese pour aller rejoindre son pere.
Il voulut meme assister a ce depart, pour voir comment le colonel se
separait de sa petite cousine, et il se rendit a la gare de l'Est.
Trois quarts d'heure avant le depart du train, il vit arriver le
colonel, qui se promena en long et en large dans la salle des
pas-perdus, insensible a ce qui l'entourait, n'ayant d'attention que
pour les voitures qui apportaient des voyageurs.
Il etait visible que ce depart le troublait; il marchait vite, il
s'arretait tout a coup, et ses levres s'agitaient comme si elles
prononcaient tout bas des paroles qui de temps en temps etaient
accompagnees d'un geste energique de la main.
Assis sur un banc dans l'ombre, et de plus cachant son visage derriere
un numero de l'_Allgemeine Zeitung,_ qu'il ne pouvait pas lire, le
baron ne perdit pas le colonel de vue, sans que celui-ci eut l'idee de
regarder ce lecteur dont les yeux le suivaient.
Une voiture s'arreta devant le perron et il en descendit deux hommes, un
vieux et un jeune, puis une jeune fille.
Le colonel se dirigea vers eux et tendit tout d'abord la main a la
jeune fille. Le baron l'etudia: elle lui parut jolie avec quelque
chose d'attrayant, de charmant dans toute sa personne qui la rendait
veritablement dangereuse.
Il etait heureux qu'elle quittat Paris; car, a la regarder, on
comprenait tres bien que le colonel eprouvat pour elle de tendres
sentiments.
Pour le moment, il lui parlait avec un embarras qui se trahissait
manifestement, et elle-meme en lui repondant paraissait assez
contrainte.
Chez tous deux, il y avait de l'emotion.
Le baron eut voulu entendre ce qu'ils disaient, mais il n'osa les
approcher.
--De meme, il n'osa pas non plus les suivre dans le vestibule de la
salle d'attente, lorsqu'ils eurent pris leurs billets: il y aurait trop
a craindre que le colonel le reconnut.
Il attendit qu'on fermat les portes, et, quand le c
|