emens par mer, favorisait la revolte du midi, et encourageait
la Corse a se jeter dans les bras des Anglais. Nos flottes reparaient dans
Toulon les dommages qu'elles avaient essuyes dans l'expedition si
malheureuse de Sardaigne, et osaient a peine proteger les caboteurs qui
apportaient des grains d'Italie. La Mediterranee n'etait plus a nous, et
le commerce du Levant passait de Marseille aux Grecs et aux Anglais. Ainsi
l'armee d'Italie avait en face les Piemontais victorieux en plusieurs
combats, et a dos la revolte du Midi et deux escadres.
Aux Pyrenees, la guerre avec l'Espagne, declaree le 7 mars, a la suite de
la mort de Louis XVI, venait a peine de commencer. Les preparatifs avaient
ete longs des deux cotes, parce que l'Espagne, lente, paresseuse et
miserablement administree, ne pouvait se hater davantage, et parce que la
France avait sur les bras d'autres ennemis qui occupaient toute son
attention. Servan, general aux Pyrenees, avait passe plusieurs mois a
organiser son armee, et a accuser Pache avec autant d'amertume que le
faisait Dumouriez. Les choses etaient restees dans le meme etat sous
Bouchotte, et, lorsque la campagne s'ouvrit, le general se plaignait
encore du ministre, qui, disait-il, le laissait manquer de tout. Les deux
pays communiquent l'un avec l'autre par deux points, Perpignan et Bayonne.
Porter vigoureusement un corps d'invasion sur Bayonne et Bordeaux, et
aboutir ainsi a la Vendee, etait une tentative trop hardie pour ce
temps-la; d'ailleurs l'ennemi nous supposait de ce cote de plus grands
moyens de resistance; il lui aurait fallu traverser les Landes, la Garonne
et la Dordogne, et de pareilles difficultes auraient suffi pour detourner
de ce plan, si on y avait songe. La cour de Madrid prefera une attaque par
Perpignan, parce qu'elle avait de ce cote une base plus solide en places
fortes, parce qu'elle comptait sur les royalistes du Midi, d'apres les
promesses des emigres, parce qu'enfin elle n'avait pas oublie ses
anciennes pretentions sur le Roussillon. Quatre ou cinq mille hommes
furent laisses a la garde de l'Aragon; quinze ou dix-huit mille, moitie de
troupes reglees et moitie de milices, durent guerroyer sous le general
Caro dans les Pyrenees-Occidentales; enfin le general Ricardos, avec
vingt-quatre mille hommes, fut charge d'attaquer serieusement le
Roussillon.
Deux vallees principales, celle du Tech et celle de la Tet, se detachent
de la chaine des Pyrenees, et debouchant vers Perpi
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