Le general Berruyer, dont les ordres s'etendaient dans l'origine sur tout
le theatre de la guerre, avait ete remplace, et son commandement se
trouvait divise entre plusieurs generaux. Saumur, Niort, les Sables,
composerent l'armee dite des cotes de la Rochelle, qui fut confiee a
Biron; Angers, Nantes et la Loire-Inferieure, formerent l'armee dite des
cotes de Brest, qu'on remit a Canclaux, general a Nantes. Enfin, les cotes
de Cherbourg avaient ete donnees a Wimpffen, devenu ensuite, comme on l'a
vu, general des insurges du Calvados.
Biron, transporte de la frontiere du Rhin a celle d'Italie, et de cette
derniere en Vendee, ne se rendit qu'avec repugnance sur ce theatre de
devastations, et devait s'y perdre par son aversion a partager les fureurs
de la guerre civile. Il arriva le 27 mai a Niort, et trouva l'armee dans
un desordre affreux. Elle etait composee de levees en masse, faites par
force ou par entrainement dans les contrees voisines, et confusement
jetees sur la Vendee, sans instruction, sans discipline, sans
approvisionnemens. Formees de paysans et de bourgeois industrieux des
villes, qui avaient quitte a regret leurs occupations, elles etaient
pretes a se dissoudre au premier accident. Il eut beaucoup mieux valu les
renvoyer pour la plupart, car elles faisaient faute dans les campagnes et
dans les villes, encombraient inutilement le pays insurge, l'affamaient
par leur masse, y repandaient le desordre, les terreurs paniques,
etentrainaient souvent dans leur fuite des bataillons organises, qui,
livres a eux-memes, auraient beaucoup mieux resiste. Toutes ces bandes
arrivaient avec leur chef, nomme dans la localite, qui se disait general,
parlait de son armee, ne voulait pas obeir, et contrariait toutes les
dispositions des chefs superieurs. Du cote d'Orleans, on formait des
bataillons, connus dans cette guerre sous le nom de _bataillons
d'Orleans_. On les composait avec des commis, des garcons de boutique,
des domestiques, avec tous les jeunes gens enfin recueillis dans les
sections de Paris, et envoyes a la suite de Santerre. On les amalgamait
avec des troupes tirees de l'armee du Nord, dont on avait detache
cinquante hommes par bataillon. Mais il fallait associer ces elemens
heterogenes, trouver des armes et des vetemens. Tout manquait, la paie
meme ne pouvait etre fournie, et comme elle etait inegale entre la troupe
de ligne et les volontaires, elle occasionnait souvent des revoltes.
Pour organiser cette mul
|