gnan forment nos deux
premieres lignes defensives. Perpignan est place sur la seconde, celle de
la Tet. Ricardos, instruit de la faiblesse de nos moyens, debute par une
pensee hardie, il masque les forts Bellegarde et les Bains, situes sur la
premiere ligne, et s'avance hardiment avec le projet de faire tomber tous
nos detachemens epars dans les vallees, en les depassant. Cette tentative
lui reussit. Il debouche le 15 avril, bat les detachemens envoyes sous le
general Villot pour l'arreter, et repand une terreur panique sur toute la
frontiere. En avancant avec dix mille hommes, il etait maitre de
Perpignan, mais il n'avait pas assez d'audace; d'ailleurs tous ses
preparatifs n'etaient pas faits, et il laissa aux Francais le temps de se
reconnaitre.
Le commandement, qui paraissait trop vaste, fut divise. Servan eut les
Pyrenees-Occidentales, et le general Deflers, qu'on a vu employe a
l'expedition de Hollande, les Pyrenees-Orientales. Celui-ci rallia l'armee
en avant de Perpignan dans une position dite _le Mas d'Eu_. Le 19 mai,
Ricardos etant parvenu a reunir dix-huit mille hommes, attaqua le camp
francais. Le combat fut sanglant. Le brave general Dagobert, conservant
dans un age avance toute la fougue d'un jeune homme, et joignant a son
courage une grande intelligence, reussit a se maintenir sur le champ de
bataille. Deflers arriva avec dix-huit cents hommes de reserve, et le
terrain fut conserve. La fin du jour approchait et le combat paraissait
devoir etre heureux; mais vers la nuit nos soldats, accables par la
fatigue d'une longue resistance, cedent tout a coup le terrain et se
refugient en desordre sous Perpignan. La garnison effrayee ferme les
portes et tire sur nos troupes, qu'elle prend pour des Espagnols. C'etait
encore le cas de fondre hardiment sur Perpignan et de s'emparer de cette
place, qui n'eut pas resiste; mais Ricardos, qui n'avait fait que masquer
Bellegarde et les Bains, ne crut pas devoir pousser la hardiesse plus
loin, et revint faire le siege de ces deux petites forteresses. Il s'en
empara vers la fin de juin, et se porta de nouveau en presence de nos
troupes, ralliees a peu pres dans les memes positions qu'auparavant.
Ainsi, en juillet, un combat malheureux pouvait nous faire perdre le
Roussillon.
Nous voyons les calamites s'augmenter en nous approchant d'un autre
theatre de guerre, plus sanglant, plus terrible que tous ceux qu'on a deja
parcourus. La Vendee, en feu et en sang, allait vomir au-d
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