auxiliaires. Leurs troupes, disseminees en plusieurs
corps d'egale force depuis le col de Tende jusqu'au grand Saint-Bernard,
avaient suivi, comme toutes celles de la coalition, le systeme des
cordons, et gardaient toutes les vallees. L'armee francaise d'Italie etait
dans le plus deplorable etat; composee de quinze mille hommes au plus,
denuee de tout, faiblement commandee, il n'etait pas possible d'en obtenir
de grands efforts. Le general Biron, qui l'avait commandee un instant,
l'augmenta de cinq mille hommes, mais il ne put la pourvoir de tout ce qui
lui etait necessaire. Si une de ces grandes pensees qui nous auraient
perdus au Nord s'etait elevee au Midi, notre ruine n'eut pas ete moins
certaine de ce cote. Les Piemontais pouvaient, a la faveur des glaces qui
paralysaient forcement toute action du cote des grandes Alpes, transporter
toutes leurs forces aux Alpes du Midi, et, debouchant sur Nice avec une
masse de trente mille hommes, culbuter notre armee d'Italie, la refouler
sur les departemens insurges, la disperser entierement, favoriser le
soulevement des deux rives du Rhone, s'avancer peut-etre jusqu'a Grenoble
et Lyon, prendre la par derriere notre armee engagee dans les plaines de
la Savoie, et envahir ainsi toute une partie de la France. Mais il n'y
avait pas plus un Amedee chez eux qu'un Eugene chez les Autrichiens, ou
qu'un Marlborough chez les Anglais. Ils s'etaient donc bornes a la defense
de Saorgio.
Brunet, qui succeda a Anselme, avait fait, sur le poste de Saorgio, les
memes efforts que Dampierre du cote de Conde. Apres plusieurs combats
inutiles et sanglans, on en livra enfin un dernier, le 12 juin, qui fut
suivi d'une deroute complete. Alors encore, si l'ennemi eut puise dans son
succes un peu d'audace, il aurait pu nous disperser, nous faire evacuer
Nice et repasser le Var. Kellermann etait accouru de son quartier-general
des Alpes, avait rallie l'armee au camp de Donjon, fixe des positions
defensives, et ordonne, en attendant de nouvelles forces, une inaction
absolue. Une circonstance rendait encore plus dangereuse la situation de
cette armee, c'etait l'apparition dans la Mediterranee de l'amiral anglais
Hood, sorti de Gibraltar avec trente-sept vaisseaux, et de l'amiral
Langara, venu avec des forces a peu pres egales des ports d'Espagne. Des
troupes de debarquement pouvaient occuper la ligne du Var et prendre les
Francais par derriere. La presence des escadres empechait en outre les
approvisionn
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