e chaine de revoltes menacait les
derrieres de nos armees et interrompait leurs communications. Les Vosges,
le Jura, l'Auvergne, la Lozere, forment, du Rhin aux Pyrenees, une masse
presque continue de montagnes de differente etendue et de diverse hauteur.
Les pays de montagnes sont, pour les institutions, les moeurs et les
habitudes, des lieux de conservation. Dans presque toutes celles que nous
venons de designer, la population gardait un reste d'attachement pour son
ancienne maniere d'etre, et, sans etre aussi fanatisee que la Vendee, elle
etait neanmoins assez disposee a s'insurger. Les Vosges, a moitie
allemandes, etaient travaillees par les nobles, par les pretres, et
montraient des dispositions d'autant plus menacantes, que l'armee du Rhin
chancelait davantage. Le Jura etait tout entier insurge pour la Gironde;
et si dans sa rebellion il montrait plus d'esprit de liberte, il n'en
etait pas moins dangereux, car quinze a vingt mille montagnards se
rassemblaient autour de Lons-le-Saulnier, et se liaient aux revoltes de
l'Ain et du Rhone. On a vu dans quel etat se trouvait Lyon. Les montagnes
de la Lozere, qui separent la Haute-Loire du Rhone, se remplissaient de
revoltes a la maniere des Vendeens. Commandes par un ex-constituant nomme
Charrier, ils s'elevaient deja au nombre de trente mille, et pouvaient se
joindre par la Loire a la Vendee. Apres, venaient les insurges
federalistes du midi. Ainsi, de vastes revoltes, differentes de but et de
principes, mais egalement formidables, menacaient les derrieres des armees
du Rhin, des Alpes et des Pyrenees.
Le long des Alpes, les Piemontais etaient en armes, et voulaient reprendre
sur nous la Savoie et le comte de Nice. Les neiges empechaient le
commencement des hostilites le long du Saint-Bernard, et chacun gardait
ses postes dans les trois vallees de Sallenche, de la Tarentaise et de la
Maurienne. Aux Alpes maritimes et a l'armee dite d'Italie, il en etait
autrement. La les hostilites avaient ete reprises de bonne heure, et des
le mois de mai on avait recommence a se disputer le poste si important de
Saorgio, duquel dependait la tranquille possession de Nice. En effet, ce
poste une fois occupe, les Francais etaient maitres du Col de Tende, et
tenaient la clef de la grande chaine. Aussi les Piemontais avaient mis
autant d'energie a le defendre que nous a l'attaquer. Ils avaient, tant en
Savoie que du cote de Nice, quarante mille hommes, renforces par huit
mille Autrichiens
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