a un reve chimerique. Son amour pour
Pardaillan n'avait pas encore des racines telles qu'elle ne put
l'extirper sans trop de douleur. Elle s'etait resignee.
Forcement, elle devait se tourner vers le Chico. Elle le devait d'autant
plus que Pardaillan, qu'elle admirait deja, par quelques confidences
discretes et avec ce tact qu'il puisait dans la bonte de son coeur,
avait su lui imposer un sentiment respectueux qu'elle ignorait avant.
Or, Pardaillan, qu'elle respectait et admirait, lui avait dit le plus
grand bien du Chico. Or, elle savait qu'un tel homme n'adresserait pas
un compliment qui ne fut pleinement merite. De ceci, il etait resulte
que, si Pardaillan avait gagne son respect, les affaires amoureuses du
nain, grace a lui, avaient fait un progres considerable.
En realite, elle aimait le nain plus qu'elle ne le croyait. Mais son
amour n'etait pas encore assez violent pour l'amener a fouler aux pieds
la pudeur de la jeune fille en la faisant parler la premiere.
Or, avec un timide de la force du Chico, elle n'avait pas d'autre
alternative pour liquider la question. S'il avait fait une partie du
chemin, s'il l'avait bercee de mots doux comme il en trouvait parfois,
s'il avait eu cette attitude et ces caresses chastes qui troublent
neanmoins, peut-etre il eut pu l'affoler au point de lui faire oublier
sa retenue.
Mais voila que, par malheur, le Chico s'avisait, bien mal a propos, de
resister a toutes ses avances et de se tenir sur une reserve qui pouvait
lui paraitre de la froideur. Alors qu'elle eut voulu ne parler que
d'eux-memes, voila qu'il ne parlait, lui, que de Pardaillan. C'etait
desesperant; elle l'eut battu si elle ne se fut retenue.
Au bout du compte, naivement, sans malice et sans calcul d'aucune sorte,
peut-etre le Chico avait-il trouve, sans le chercher, le meilleur
moyen de forcer le coeur de celle qui, de son cote, sans s'en douter
assurement, l'aimait peut-etre autant qu'elle en etait aimee.
Ayant vu ses petites ruses echouer les unes apres les autres, Juana se
resigna a ne pas sortir du sujet de conversation qu'il plaisait au Chico
de lui imposer, esperant bien se rattraper apres et reprendre, avec
succes, elle l'esperait, ses efforts interrompus pour l'amener a se
declarer.
Pour etre juste, nous devons ajouter que la certitude qu'elle avait
qu'il ne serait question que de Pardaillan, jointe a la volonte bien
arretee de le sauver, si c'etait possible, aiderent puissamment a la
faire p
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