aire mais grossiere, par
vos domestiques? Si vous ne vous fiez qu'a votre activite, a votre
courage et a votre desinteressement (on vous accorde ces trois choses,
et c'est beaucoup), eh bien! faites, mais ne niez pas qu'on puisse faire
une critique plus serieuse, plus penetrante, portant au coeur des choses
que vous ne faites qu'effleurer. Ne niez pas qu'on doive discuter la
doctrine politique et l'appuyer sur les bases qui sont indispensables a
toute societe, l'unite de croyance. Au lieu de railler et de rejeter les
idees fondamentales, encouragez-les, apportez les votres, si vous en
avez, comme vous le dites; unissez-vous du moins par le coeur a ceux qui
veulent travailler au temple, dont vous ne faites que le chemin de fer.
Eh quoi! au lieu de cela, au lieu de les regarder comme vos freres, vous
les raillez, vous les outragez, vous feignez de les dedaigner et de
savoir mieux qu'eux ce que vous ne comprenez seulement pas! Eh bien! peu
nous importe, et ce silence glace de part et d'autre ne sera pas
rompu par nous les premiers. Mais, le jour ou vous manquerez de cette
prudence, vous trouverez peut-etre a qui parler. En attendant, vous etes
bien pleutres; car nous attaquons vos doctrines, nous nous en prenons a
votre maitre Carrel, nous interrogeons votre pensee d'il y a dix ans, et
il n'y en a pas un de vous qui ait un mot a repondre. Ce pretendu dedain
de la part de gens de votre force est bien comique en verite, et ne
peut pas nous offenser; mais il donne a croire que vous etes de grands
hypocrites et des ambitieux bien personnels, vous qui prenez tant
d'ombrage de ce que vous appelez notre _concurrence_; vous qui
denoncez les autres journaux d'opposition dont vous craignez aussi la
_concurrence_, comme n'ayant pas satisfait aux lois sur le timbre; vous
qui ne vivez que de haine, de petitesse, d'envie et de morgue. Nous
vous savons par coeur, et, si nous ne vous denoncons pas a l'opinion
publique, c'est parce que vous n'etes pas assez forts pour faire
beaucoup de mal, et parce qu'il y a bien autre chose a faire a cette
heure que de s'occuper de vous.
Cette boutade va te faire croire qu'il y a une guerre acharnee couvant
dans nos coeurs contre le _National_ et sa _docte cabale_. Je puis te
donner ma parole d'honneur que, depuis que je t'ai quitte, voici la
premiere fois que j'en parle. Vivant au fond de mon cabinet, et ne
voyant Leroux, qui travaille de meme dans son coin, que quelques
instants au bureau, pour nous
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