FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   135   136   137   138   139   140   141   142   143   144   145   146   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157   158   159  
160   161   162   163   164   165   166   167   168   169   170   171   172   173   174   175   176   177   178   179   180   181   182   183   184   >>   >|  
vous apercevez pas qu'en m'exprimant une effusion filiale qui me touche et qui m'honore, vous vous servez de mots qui, mal interpretes, seraient le langage de la passion la plus exaltee. J'ai quarante ans; j'ai toute la raison qu'on doit avoir a mon age. Loin de moi donc la sotte pruderie de croire que j'ai a me defendre d'une idee folle de la part de qui que ce soit. Ma vie est serieuse, mes affections sont serieuses, et mon jugement l'est aussi. Mais je vis parmi des gens calmes aussi, qui, ne connaissant pas l'enthousiasme meridional, ou ne se rappelant pas celui de leur propre jeunesse, ne comprendraient rien a vos lettres si je les leur montrais. Je brule donc vos lettres aussitot que je les ai lues, en riant de cette precaution que vous me forcez de prendre, mais aussi en m'etonnant un peu que, vous qui etes poete, c'est-a-dire artiste dans le choix des mots, _ouvrier en fait de langue_, comme on dit aujourd'hui, vous fassiez, sans vous en apercevoir, de tels contresens. Mon fils m'apporte toutes mes lettres le matin a mon reveil, et c'est lui qui me les lit; lui aussi est d'un caractere tranquille, peu expansif, mais solidement affectueux. Si une de vos dernieres lettres avait ete ouverte par lui, je ne sais ce qu'il en aurait pense; mais je crois bien qu'il m'aurait demande si vous n'etes pas un peu fou, et j'aurais ete obligee de lui repondre: "Oui, mon enfant, tous les poetes le sont." Encore un sermon: c'est le tiroir aux sermons, aujourd'hui. Vous adressez a _Juana l'Espagnole_ et a diverses autres beautes fantastiques des vers que je n'approuve pas. Etes-vous un poete bourgeois, ou un poete proletaire? Si vous etes le premier des deux, vous pouvez chanter toutes les voluptes et toutes les sirenes de l'univers, sans en avoir jamais connu une seule. Vous pouvez souper, en vers, avec les plus delicieuses houris, ou avec les plus grandes gourgandines, sans quitter le coin de votre feu et sans voir d'autres beautes que le nez de votre portier. Ces messieurs font ainsi et ne riment que mieux. Mais, si vous etes un enfant du peuple, et le poete du peuple, vous ne devez pas quitter le chaste sein de Desiree pour courir apres des bayaderes et chanter leurs bras voluptueux. Je trouve la une infraction a la dignite de votre role. Le poete du peuple a des lecons de vertu a donner a nos classes corrompues, et, s'il n'est pas plus austere, plus pur et plus aimant le bien que nos poetes, il est leur copiste, leur si
PREV.   NEXT  
|<   135   136   137   138   139   140   141   142   143   144   145   146   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157   158   159  
160   161   162   163   164   165   166   167   168   169   170   171   172   173   174   175   176   177   178   179   180   181   182   183   184   >>   >|  



Top keywords:
lettres
 

peuple

 

toutes

 
pouvez
 
chanter
 
quitter
 

beautes

 

autres

 

aurait

 

enfant


poetes
 
aujourd
 

bourgeois

 

servez

 

voluptes

 

sirenes

 

proletaire

 

premier

 

jamais

 

delicieuses


houris
 

grandes

 

gourgandines

 
honore
 

souper

 
univers
 
Encore
 

sermon

 

tiroir

 

passion


repondre

 

exaltee

 
sermons
 
langage
 

interpretes

 
fantastiques
 

touche

 

seraient

 

diverses

 

adressez


Espagnole

 

approuve

 
dignite
 

lecons

 
infraction
 
trouve
 

voluptueux

 

donner

 
aimant
 

copiste